RDC : on a retrouvé… Pierre Ndaye Mulamba, le héros oublié des Léopards

Il y a 44 ans, Pierre Ndaye Mulamba participait avec les Léopards du Zaïre à la Coupe du monde 1974 en RFA. L’ancien attaquant de l’AS Vita Club, considéré comme un des meilleurs joueurs de l’histoire du football africain, est aujourd’hui un homme malade et fatigué.

L’ancien attaquant des léopards de RDC, Pierre Ndaye Mulamba. © Capture d’écran Youtube / DR

L’ancien attaquant des léopards de RDC, Pierre Ndaye Mulamba. © Capture d’écran Youtube / DR

Alexis Billebault

Publié le 31 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.

C’était à une époque où la République démocratique du Congo s’appelait Zaïre, que la Coupe du monde se disputait en RFA, avec seize équipes… dont une seule venue d’Afrique. En juin 1974, les Léopards débarquent en Europe escortés d’un titre de champion d’Afrique obtenu en Égypte face à la Zambie (2-0) lors d’une finale rejouée après un premier match nul (2-2). Et avec un atout supplémentaire : Pierre Ndaye Mulamba, un attaquant de 26 ans, auteur de neuf buts lors de cette phase finale, un record historique qui ne semble pas près d’être battu.

En RFA, l’aventure vire pourtant au calvaire pour les Zaïrois. Après une défaite honorable face à l’Écosse (0-2), la Yougoslavie dévaste les Africains (9-0), alors que l’ambiance tournait déjà au conflit à cause de problèmes liés au règlement des primes. Mulamba est même exclu au bout de vingt-cinq minutes. À Kinshasa, le Maréchal Mobutu se fâche tout rouge et promet aux joueurs un de ces accueils dont il a le secret au cas où le troisième match face au Brésil se finisse mal. En s’inclinant seulement 3-0, les Léopards calment – un peu – la colère du dictateur, mais près d’un demi-siècle plus tard, les héros du Caire vivent toujours, pour la plupart, très modestement.

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Annoncé mort à deux reprises

Plusieurs sont décédés (Mwamba, Ilunga, Mukombo, Uba-Kembo, Mafuila), mais pas Pierre Ndaye Mulamba, dont la mort a pourtant été annoncée deux fois, en 1998 en Angola et en 2017 en Inde, où il venait de subir une lourde intervention chirurgicale au genou gauche.

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Jeune Afrique est parvenu à avoir des nouvelles de l’ancien buteur de l’AS Bantous et de l’AS Vita Club – qui ne parle pas bien le français – via Kalambay Otepa. L’ex-gardien de but des Léopards, qui avait également participé à l’expédition ouest-allemande, voit régulièrement Mulamba. « Il n’est pas en grande forme. Il lui arrive de venir aux réunions que l’Association des anciens Léopards champions d’Afrique en 1968 et 1974, dont je suis le président, que nous organisons tous les mercredis. Pierre vit à Kinshasa, avec des membres de sa famille. Il ne peut plus se déplacer qu’en fauteuil roulant. Il est fatigué, sa santé est fragile. »

Un train de vie modeste

Comme d’autres anciens internationaux, Mulamba vit très modestement. « Il touche une rente mensuelle versée par le gouvernement de 500 dollars, une de la Fédération congolaise de football (FECOFA) de 200 dollars et régulièrement, il perçoit une aide de la ville de Kinshasa. Disons qu’il ne vit pas dans la précarité, mais ce n’est pas l’opulence. Quand nous étions joueurs, notre statut était amateur et on ne gagnait qu’un peu d’argent ; il était difficile pour nous d’en mettre de côté », poursuit Otepa.

Son fils de 11 ans est abattu et lui-même est blessé, puis abandonné près d’un pont, échappant de peu à la mort…

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Pierre Ndaye Mulamba, qui aurait pu signer au Paris-SG en 1973, ne sortira jamais de son pays, où il achèvera sa carrière, à l’AS Vita Club. Redevenu un simple fonctionnaire mal payé, l’attaquant reçoit en 1994 une médaille de la CAF pour récompenser l’ensemble de sa carrière. Mobutu exige que Mulamba lui remette la médaille à son retour à Kinshasa. Face au refus de l’ex-international, le tyran à la toque de Léopard envoie ses porte-flingues à son domicile. Son fils de 11 ans est abattu et lui-même est blessé, puis abandonné près d’un pont, échappant de peu à la mort… Quelques années plus tard, il survivra dans les townships du Cap, en Afrique du Sud, gardant des parkings, avant de revenir à Kinshasa. « On sent qu’il est fatigué, usé. Nous, ses anciens coéquipiers, essayons de le soutenir de notre mieux », ajoute Otepa.

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