Question de volonté

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

En dépit d’une croissance satisfaisante, le marché africain du bâtiment et des travaux publics compte finalement peu en regard du dynamisme de celui d’autres régions du monde. Certains pourraient se réjouir qu’il fasse l’objet d’une vive compétition entre entrepreneurs chinois et européens, notamment français. Il ne faut pas s’y tromper. Si la Chine s’intéresse aux voies ferrées d’Afrique centrale, c’est en raison de leur capacité à acheminer vers les ports les minerais et matières premières qui, rapatriés chez elle, alimenteront son industrie en plein essor. Pour dynamiser un secteur qui nécessite de gros investissements, les États ont opté pour le régime de la concession d’exploitation au profit de grands groupes privés. S’ils y réussissent, ce sera par la volonté chinoise.

Dans ce domaine, comme pour les routes ou le logement, l’une des clés de la réussite réside dans la nécessité de fédérer les besoins et les solutions autour d’un projet. Le plus souvent, cela revient à une confrontation entre secteur public et investisseurs privés. Dans le meilleur des cas, elle évoluera vers une collaboration : l’État confie pour un temps l’exploitation de ses infrastructures à l’entrepreneur qui les construit. En matière de transport routier, le Nouveau Partenariat pour l’Afrique (Nepad) ne parvient, hélas, toujours pas à aplanir les difficultés. Même si quelques-uns de ses projets prennent corps, le malentendu subsiste entre les politiques et le monde des affaires en ce qui concerne leur réalisation. Peut-être est-ce la volonté qui fait défaut ?
Restent deux données qui entretiennent l’optimisme : les besoins grandissants en infrastructures des pays pétroliers et la riposte de certains pays non producteurs. En Afrique subsaharienne, les pays dotés de ressources minières et d’hydrocarbures sont les premiers à bénéficier de l’augmentation des flux de capitaux privés. Grâce à quoi une nouvelle capitale est en train de sortir de terre en Guinée équatoriale. Un gigantesque complexe industriel comprenant une usine de gaz liquéfié d’un coût de 1,2 milliard de dollars est également annoncé près de Malabo. Entre autres exemples.

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Pour les États non pétroliers, les schémas divergent. Au Sénégal, le futur aéroport international Blaise-Diagne, d’un coût estimé à 200 milliards de F CFA (300 millions d’euros), sera financé par le constructeur lui-même. En échange, il pourra l’exploiter pendant vingt-deux ans. Les travaux de l’autoroute à péage qui mènera de la capitale à l’aéroport devraient commencer en décembre prochain. Pour sa part, le Burkina a opté pour l’accueil de manifestations d’envergure internationale. Ces trois derniers mois, par exemple, le pays a été l’hôte de plusieurs rendez-vous, dont le Sommet de la Francophonie qui vient de s’achever. Résultat, Ouaga 2000, le plan d’aménagement d’un quartier administratif de la capitale, a reçu un coup d’accélérateur bénéfique. De même, Yaoundé, la capitale camerounaise, doit plusieurs réalisations de routes au XXIe Sommet Afrique-France, qu’elle accueillait il y a trois ans. Et le logement à Bamako a largement bénéficié des retombées de la Coupe d’Afrique des nations de football qui s’est tenue au Mali en 2002. Tout comme l’Afrique du Sud a beaucoup à attendre de la Coupe du monde de football, qu’elle organise en 2010.
Dans tous ces cas, le lancement de grands travaux est né de la volonté des politiques. Pour tenir les délais et défendre leur image de marque, les gouvernements sont, en outre, tenus de respecter leurs engagements financiers envers les entreprises de BTP, ce qui est loin d’être le cas en d’autres occasions. Et généralement, les privés apprécient.

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