70 milliards de dinars pour un million de logements

Les immeubles sortent de terre un peu partout en Afrique du Nord, le plus souvent grâce à une nouvelle génération d’opérateurs, à la fois constructeurs et investisseurs. Exemple avec l’Algérie.

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Comment résorber la crise du logement en Algérie ? Soulevée depuis une dizaine d’années, la question se pose avec toujours autant d’acuité en 2004. Si le taux d’occupation (TOL) a nettement diminué, passant de 7,2 à 5,53 personnes par logement entre 1998 et 2003, la situation reste critique, avec un déficit global estimé à 1,1 million de logements. Pour le combler, le gouvernement a annoncé un vaste programme sur cinq ans. Objectif : construire un million de logements, dont 385 000 sont en cours de réalisation.
Le programme est inclus dans le projet de loi de finances pour 2005, à hauteur de 70 milliards de dinars (744 millions d’euros). Il devrait permettre d’engager la construction de quelque 615 000 logements en cinq ans, un objectif qui avait été dépassé entre 1999 et 2003 avec la production de 693 800 unités. « Globalement, il se construit en Algérie quelque 140 000 logements tous les ans, souligne Ahcène Saaid, conseiller chargé de la communication au ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Pour atteindre notre objectif, il faudrait en réaliser 60 000 de plus. Nous avons lancé des appels d’offres sur notre site Internet. Nous comptons bien sûr sur l’outil national, mais le marché reste ouvert à la concurrence. Nous oeuvrons dans le cadre d’une économie libérale, où les entreprises et partenaires étrangers ont leur place. Ils peuvent contribuer à la réalisation de ce programme ambitieux. »
De fait, l’Algérie n’a pas tout à fait les moyens de ses ambitions. La main-d’oeuvre qualifiée fait cruellement défaut. À en croire le ministre des Finances Abdellatif Benachenhou, la centaine d’entreprises publiques ne seraient pas à même de participer massivement au programme. En conséquence, le gouvernement « a délibérément pris la position de faire intervenir des opérateurs étrangers ». Parmi eux, les Chinois sont présents depuis 2001 pour construire 30 000 logements en location-vente. La China State Construction & Engineering Corporation (CSCEC), numéro un du BTP chinois, y participe dans le grand Alger. À Oran, les partenaires, entreprises de construction ou bureaux d’étude, sont essentiellement turcs. Quant aux Français, « ils ont déjà un programme de réhabilitation dans le cadre d’une coopération technique, relève Ahcène Saaid, mais ils arrivent tardivement », à l’image de Bouygues, en lice pour décrocher un contrat de quelque 18 000 logements dans la ville nouvelle de Sidi Abdallah, dans la banlieue ouest d’Alger.
Autre problème soulevé par le programme du gouvernement : la disponibilité des matériaux de construction. Si la production locale est assez importante pour la brique, en revanche, elle est insuffisante pour le bois, le ciment ou l’acier. Dans ce dernier cas, 63 % des besoins ont été importés l’année dernière, et l’irrégularité des approvisionnements a entraîné le retard de nombreux chantiers. Résultat : alors qu’était attendu un accroissement des livraisons, elles ont en réalité baissé de 30 % par rapport à 2002. D’après le rapport du Conseil national économique et social (Cnes) portant sur le second semestre 2003, le secteur du bâtiment est caractérisé par une anarchie « qui prévaut sur tout le territoire ». Et ce, qu’il s’agisse « du bâti, de la viabilisation, de l’architecture, de l’adduction d’eau, de l’alimentation en gaz et en électricité, du respect de l’environnement, de l’hygiène et des espaces communs ou des risques d’accidents ». En cause, poursuit le Cnes, « l’inefficacité, voire la négligence des services publics chargés de la délivrance des permis et autorisations de construire et de lotir, le manque de coordination entre les différents intervenants dans le choix des zones d’habitation, l’absence d’une politique de l’habitat », entre autres insuffisances.
Tout cela explique que les logements sociaux n’ont plus la cote. Un nombre croissant d’Algériens les délaissent, leur préférant la location-vente. Le principe : l’acheteur potentiel doit fournir un apport obligatoire initial de 25 %, le reste étant réglé par mensualités. La durée du crédit, initialement prévu sur vingt ans, vient d’être portée à vingt-cinq ans. Cette formule a connu un véritable engouement dès 2001, date de son lancement, auprès des ménages à revenus moyens. Près de 55 000 logements ont ainsi été lancés.

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