Finance participative, crédits… Le secteur bancaire marocain en 7 points

Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, vient de publier son rapport annuel sur la supervision bancaire, qui constitue une véritable cartographie du secteur. Décryptage en 7 points.

Abdellatif Jouahri, wali de Bank al-Maghrib. © AP/SIPA

Abdellatif Jouahri, wali de Bank al-Maghrib. © AP/SIPA

Publié le 1 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Le champ de contrôle de Bank Al-Maghrib s’est élargi en 2017 pour couvrir 86 établissements de crédit et organismes assimilés, suite à l’agrément de cinq nouveaux acteurs de la finance participative, relate l’organisme dans son rapport annuel de la supervision bancaire, rendu public fin juillet à Casablanca.

Le Maroc compte désormais 19 banques conventionnelles, dont trois dotées d’une fenêtre participative, cinq banques purement islamiques, 32 sociétés de financement, 6 banques offshore, 13 associations de microcrédit, 9 établissements de paiement spécialisés en matière de transfert de fonds, la Caisse de Dépôt et de Gestion et la Caisse Centrale de Garantie.

  • Un démarrage poussif de la finance participative

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Bien que la banque centrale ait accordé son agrément dès janvier 2017 aux établissements de finance participative, le démarrage effectif de leurs activités n’a pu se faire qu’au cours du 2semestre de l’année. Celles-ci ont ouvert 44 agences, avec une forte concentration dans les grandes villes. Le total-actif des cinq banques participatives a atteint 2,5 milliards de dirhams (225,6 millions d’euros). Les dépôts de la clientèle se sont élevés à 570 millions de dirhams à fin décembre 2017.

>>> À LIRE : Maroc : la machine de la finance participative n’est pas encore bien rodée

Les contrats mourabaha immobilière, qui sont ceux destinés à financer des projets immobiliers et des acquisitions de demeures, n’ont été certifiés qu’au mois d’octobre par le Conseil supérieur des Oulémas (Sharia Board). L’encours de ce financement s’est établi à 159 millions de dirhams à fin décembre 2017. Ceci dit, il est tout a fait logique que cette première année soit déficitaire pour l’ensemble du secteur. le rapport de la DSB parle d’un résultat net cumulé négatif de 175 millions de dirhams.

  • Un actionnariat privé à 69 %

L’actionnariat des banques marocaines est à 69 % entre les mains du privé. On y trouve des holdings de groupes privés, des compagnies d’assurances, d’organismes de prévoyance sociale et à des groupes bancaires étrangers.

  • Peu d’ouverture d’agences

Au Maroc, la course à l’ouverture des agences a cessé depuis quelques années. Le rapport de la supervision bancaire explique que le ralentissement du rythme d’évolution du réseau bancaire a commencé en 2012. En comparaison avec 2016, le nombre des agences n’a augmenté que de 1,7 %. Elles sont 6 388 à fin 2017, soit 105 agences additionnelles seulement en une année.

  • La distribution des crédits au ralenti

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Les crédits octroyés à la clientèle ont modérément progressé en 2017, et continuent de décevoir les donneurs d’ordre, témoignant d’essoufflement de la demande intérieure du pays. L’encours brut des crédits s’est établi à 836,7 milliards de dirhams, en hausse de 3,2 % par rapport à l’année précédente. Cette situation se poursuit depuis 2015, et elle inquiète notamment le wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri.

Il avait d’ailleurs mis en plus une commission technique en 2016 pour tenter de comprendre cette décélération. Abdellatif Jouahri avait également imposé, la même année, aux banques et aux entreprises de s’asseoir sur la même table pour résoudre cette problématique. Rien n’a vraisemblablement changé depuis.

  • Les banques continuent de gagner de l’argent

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Le produit net bancaire s’est établi à 46 milliards de dirhams, en croissance de 2 % en comparaison avec l’année précédente. Ceci s’explique par la bonne maîtrise des marges sur commissions, mais surtout par un coût du risque favorable. D’ailleurs, pour la première fois depuis 2008, ce dernier a enregistré une baisse de 22,8 %, cumulant un montant de 6,8 milliards de dirhams seulement.

  • Remboursement des crédits : les ménages à la peine

L’encours de toutes les créances en souffrance a marqué une hausse de 3,7 % pour s’établir à 86,2 milliards de dirhams fin 2017.

Cette augmentation concerne en particulier les ménages, pour lesquels la hausse est des créances en souffrance est de 4,8 %, soit un total de 23,5 milliards de dirhams.

  • La médiation en marche

Créé en 2014, le Centre marocain de médiation bancaire (CMMB) commence à se faire connaître et un nombre croissant de dossiers lui sont adressés. En 2017, il a ainsi reçu 412 dossiers complets dans le cadre de la médiation institutionnelle, pour des montants de litige correspondant à près de 21 millions de dirhams.

Ces litige portent principalement sur les contestations des écritures comptables (31 %), la clôture des comptes (22 %) et le recouvrement de créances (18 %). En marge, le CMMB a traité quelques questions de délivrance de documents ou de suivi des moyens de paiement.

Pour rappel, le centre n’a aucun chef depuis le mois de juin dernier. Son directeur, Mohamed El Ghorfi, en poste depuis 2014, a en effet quitté ses fonctions après expiration de son mandat de quatre années.

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