L’autonomie kurde
Alors que rien ne laissait présager d’importants développements – et surtout pas une crise de fond entre les Kurdes et Bagdad -, le New York Times a soudain donné l’alerte. […] D’après ce texte et plusieurs autres de même inspiration, les Kurdes auraient déjà forgé leurs institutions « autonomes », élu un Parlement, formé un gouvernement composé de onze ministres. Des rumeurs parallèles mentionnent une mobilisation kurde en vue de la reprise imminente des hostilités, ainsi que l’apparition de troupes égyptiennes dans le nord de l’Irak. D’autres informations désignent le président Abdel Nasser comme l’allié de Barzani dans cette affaire […]. Peut-être pour mieux comprendre la situation faut-il se souvenir qu’au mois de mars 1963, le gouvernement de Bagdad avait décidé de décentraliser l’administration des quatorze départements irakiens. Cette décentralisation est actuellement en cours, au nord comme dans le reste du pays. Il s’agit moins d’une innovation que de la reconnaissance d’une ancienne et solide tradition. Dès l’époque ottomane, les assemblées locales (communales et tribales) possédaient une large initiative par rapport au pouvoir central. Il est surprenant, à cet égard, que l’on se réfère toujours à la résistance kurde et que l’on veuille ignorer le fait que l’Irak méridional chiite est, depuis toujours, beaucoup plus irréductible que les Kurdes du nord à l’administration bagdadienne.
On voit mal d’ailleurs les motifs auxquels répondraient une mobilisation kurde et un nouvel affrontement militaire. Nous pouvons assurer qu’entre la capitale irakienne et la région kurde le contact reste permanent et, comme on dit, le courant passe. Moscou a tendance à accorder un intérêt moins direct au Machrek syro-irakien. La diplomatie travailliste permet à Londres et à Washington de synchroniser jusqu’à un certain point leurs politiques orientales qui furent longtemps désaccordées. D’où viendrait le stimulant et sur quoi déboucherait, en ce moment, une guerre kurde ? La seule question qui se pose est de savoir si le gouvernement Aref aura assez d’autorité morale pour survivre à l’expérience de la décentralisation. Assez de cohésion intérieure également. En réalité, les Kurdes n’ont presque pas à intervenir. S’ils désirent vraiment se débarrasser d’Aref, il se pourrait bien que d’autres forces irakiennes prennent la besogne à leur compte.
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