La force du nombre
D’ici à vingt-cinq ans, les deux pays réunis seront devenus le premier marché mondial de consommation. Devant les États-Unis.
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Comparer le revenu total des ménages – autrement dit des familles au sens étroit du terme – en Inde et en Chine selon qu’ils appartiennent à la partie pauvre (moins de 6 000 dollars par an et par foyer) ou à la partie plus aisée de la population est très instructif. D’abord parce que cela prouve, comme le voulaient les économistes qui ont calculé et fourni ces statistiques, que l’on a souvent tendance à sous-estimer à quel point le pouvoir d’achat global des foyers les plus déshérités est en fin de compte supérieur à celui des « riches », donc loin d’être négligeable. Et à quel point, par conséquent, les grandes sociétés fournissant des produits de grande consommation devraient s’intéresser à cette clientèle, par exemple en proposant des articles adaptés à ses besoins et à sa capacité à les payer : des doses individuelles de shampoing ou de lessive plutôt que des flacons ou des barils, etc. Mais aussi, au-delà de cette simple approche marketing de la question, parce que l’on peut deviner, en analysant ces chiffres, le rôle fondamental que s’apprêtent à jouer sur la scène économique mondiale les marchés chinois et indiens.
On a déjà bien remarqué, en effet, la capacité impressionnante des deux pays les plus peuplés de la planète à fabriquer et à exporter des produits industriels – la Chine est qualifiée depuis des années d’« usine du monde » -, ou des services – qui ne connaît l’excellence de l’Inde dans le domaine informatique ? Mais on a trop peu prêté attention à leur capacité non moins impressionnante, et en très rapide progression, à consommer aussi eux-mêmes des produits et des services. Si l’on considère que chaque « ménage » représente environ 5 personnes en Inde et entre 3 et 4 en Chine, les statistiques montrent, en regardant du côté des « plus de 6 000 dollars annuels », que 100 millions d’Indiens et 300 millions de Chinois appartiennent déjà ou sont en passe d’appartenir à la classe moyenne. Grâce à l’essor accéléré du revenu des familles depuis que l’Inde comme la Chine donnent la priorité absolue à la croissance économique, la proportion de la population qui peut espérer s’intégrer à la société de consommation augmente de plus en plus rapidement année après année. Rien d’étonnant si une étude de l’Union des banques suisses prédisait récemment que d’ici à vingt-cinq ans, l’Inde et la Chine réunies auront dépassé les États-Unis pour devenir le premier marché mondial de consommation. À cette date, sauf grave crise imprévisible, les « moins de 6 000 dollars annuels de revenu » seront devenus minoritaires à coup sûr en Chine et peut-être même en Inde.
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