Référendum aux Comores : l’opposition dénonce une « mascarade »

« Mascarade », c’est le terme qu’a employé mercredi l’opposition comorienne et une organisation de la société civile pour qualifier les résultats du référendum constitutionnel, approuvé lundi à 92,7% des voix.

Opération de vote à Moroni, Comores, lors du référendum constitutionnel, le 30 juillet 2018. © TONY KARUMBA / AFP

Opération de vote à Moroni, Comores, lors du référendum constitutionnel, le 30 juillet 2018. © TONY KARUMBA / AFP

Publié le 1 août 2018 Lecture : 2 minutes.

« C’est une mascarade », a lancé Ali Mhadji au nom de l’Union de l’opposition, qui rassemble une vingtaine de partis. « Nous rejetons ces résultats, ils sont faux », a-t-il ajouté.

Trois autre partis, dont le Juwa et l’Union pour le développement des Comores (UPDC), ont aussi dénoncé « les faux résultats de ce soi-disant référendum », félicitant les Comoriens pour s’être « comportés très dignement en refusant de se rendre aux urnes ».

La plus scandaleuse mascarade électorale de ces dernières années

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Une organisation comorienne représentant la société civile, le Collectif de la troisième voie, a qualifié le référendum de « plus scandaleuse mascarade électorale de ces dernières années », affirmant que les électeurs avaient « majoritairement boudé les urnes » et que l’opposition avait été « muselée ».

Victoire écrasante du « oui »

La commission électorale a annoncé mardi la victoire écrasante du « oui » avec 92,74% de suffrages pour une participation de 63,9%, alors que l’opposition avait appelé au boycott du scrutin dans ce petit archipel déshérité de l’océan Indien.

L’adoption de la réforme permet au président de briguer deux mandats de cinq ans consécutifs, contre un seul actuellement.

Outre cette disposition très controversée, le projet défendu par Azali Assoumani, ex-putschiste élu en 2016, supprime aussi les trois postes de vice-président et la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays. Il fait également de l’islam la « religion d’État » du pays, à 99 % musulman.

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Irrégularités

Les observateurs électoraux de la Force en attente de la région Afrique de l’Est (EASF) devaient tenir une conférence de presse jeudi à Moroni, mais elle a été annulée à la dernière minute.

« Malheureusement on doit annuler cette conférence. Nous ne pouvons pas vous donner plus d’informations », a déclaré aux journalistes Jules Hoareau de la mission de l’EASF.

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La veille, ce dernier s’était étonné, auprès de l’Agence France Presse (AFP), d’ « un soudain afflux de bulletins » dans les urnes de bureaux où une heure plus tôt il y avait moins de 20 électeurs.

Il avait aussi dénoncé le fait que « dans tous les bureaux visités » par l’EASF, « les représentants des partis n’avaient pas été autorisés à signer les procès-verbaux », ce qui mettait « en doute la crédibilité du processus électoral ».

Tensions

Avant la tenue du vote, l’opposition avait dénoncé un référendum fait « sur mesure » pour le président Azali Assoumani, un ancien putschiste élu en 2016 à la fonction suprême.

Ces derniers mois, des opposants ont été arrêtés, des manifestations réprimées, l’ancien chef de l’Etat Ahmed Abdallah Sambi, mis en cause pour avoir troublé l’ordre public et son implication présumée dans un trafic de passeports, a été assigné à résidence.  La Cour constitutionnelle a également été suspendue.

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