Ebola en « zone de guerre » en RDC : l’insécurité risque de freiner la riposte sanitaire

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti vendredi que les difficultés allaient être maximales pour enrayer la nouvelle épidémie d’Ebola en RDC, qui sévit dans le Nord-Kivu, une « zone de guerre » où les humanitaires ne se déplacent pas sans « escorte armée ».

Un agent de l’OMS présente un échantillon du vaccin utilisé pour contenir la 9e épidémie d’Ebola en RDC, en mai 2018 à Mbandaka. © REUTERS/Kenny Katombe/File Photo

Un agent de l’OMS présente un échantillon du vaccin utilisé pour contenir la 9e épidémie d’Ebola en RDC, en mai 2018 à Mbandaka. © REUTERS/Kenny Katombe/File Photo

Publié le 3 août 2018 Lecture : 2 minutes.

L’OMS ne cache pas son inquiétude quant à la nouvelle épidémie d’Ebola diagnostiquée mercredi 1er août au Nord-Kivu. « Sur l’échelle du degré de difficulté, tenter d’éteindre une flambée d’un pathogène mortellement dangereux dans une zone de guerre est au sommet », a déclaré Peter Salama, directeur général adjoint de l’OMS en charge des réponses d’urgence lors d’un point de presse à Genève.

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L’OMS considère désormais que le risque pour la santé publique est élevé à l’échelle nationale et régionale. À l’échelle mondiale en revanche, il est actuellement considéré comme faible.

La maladie a été signalée à Mangina, une bourgade située à 30 km au sud-ouest de Beni, dans la province troublée du Nord-Kivu (est). Une localité quasi désertée par les organisations humanitaires en raison de la présence de nombreux groupes armés. « Ici, c’est le niveau de sécurité 4 pour l’ONU, l’un des plus élevés », a expliqué Peter Salama, ajoutant que « plus d’une centaine de groupes armés opèrent à l’intérieur et autour du Nord-Kivu, dont au moins vingt sont très actifs ».

L’Ouganda en alerte

« Même si nous avons accès aux villes de Mangina et Beni, nous ne savons pas dans quelle mesure nous allons devoir compter sur des escortes armées pour identifier les contacts [qu’ont eu les patients, ndlr] à l’extérieur de ces petites villes », a-t-il prévenu, alors même qu’il s’agit d’un des principaux éléments de la lutte contre la propagation de la fièvre hémorragique Ebola.

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Il a également mis en exergue les difficultés liées à la présence de nombreux déplacés internes dans la région et aux mouvements de la population vers l’Ouganda voisin, où les agences et organisations humanitaires ont été mises en état d’alerte pour identifier tout cas suspect.

Le 1er août, la RDC a annoncé faire face à une nouvelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola, qui aurait déjà fait 20 morts dans l’est du pays, une semaine seulement après avoir annoncé la fin de la précédente épidémie dans le nord-ouest. Quatre cas ont été confirmés par les laboratoires, dont un personnel de santé.

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Des funérailles a priori à l’origine de l’épidémie

Peter Salama a également expliqué que le décès d’une femme dans un hôpital dans les environs de Beni, suivi de ses funérailles non sécurisées, constitue « l’événement critique, qui a vraiment déclenché l’alarme ». Cet enterrement semble être à l’origine de l’épidémie.

Il a aussi annoncé que la souche de l’épidémie était très probablement la souche Zaïre, la plus mortelle, mais contre laquelle il existe un vaccin expérimental « sûr et efficace » qui a pu être utilisé lors de la précédente épidémie. Selon Peter Salama, quelque 3 000 doses de vaccins se trouvent encore à Kinshasa, et des centaines de milliers pourraient très rapidement être mises à disposition en RDC, qui affronte sa dixième épidémie d’Ebola, apparu pour la première fois dans le pays en 1976.

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