Pourquoi attendre 2005 ?

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

D’Israël, il n’y a qu’un pas à faire pour passer en Palestine : traversons la frontière. On dit souvent des Palestiniens qu’ils sont courageux, mènent un combat juste, mais ne parviennent pas à atteindre leur objectif – un État viable et indépendant, libéré de l’occupation israélienne – parce qu’ils sont affligés de dirigeants politiques qui ne savent pas prendre les bonnes décisions au bon moment.
Peut-être. Mais ceux qui connaissent les responsables palestiniens savent qu’ils sont expérimentés et intelligents, à commencer par Yasser Arafat lui-même. Sont-ils pour autant bons tacticiens ? Ont-ils une stratégie ?
Je me demande en tout cas pourquoi ils ne prennent pas les quelques décisions simples que je leur suggère ci- dessous. Je suis convaincu que c’est le bon moment pour le faire et que cela les rapprocheraient considérablement de l’accomplissement de leur destin national.

Au point où ils en sont de leur seconde Intifada, qui entre demain dans sa quatrième année, et de leur guerre d’indépendance, ils devraient, à mon avis, mettre en oeuvre un plan en cinq points, dont je pense qu’il n’a pour eux que des avantages.
1. Sans plus attendre, et profitant du fait que les États-Unis et Israël eux-mêmes disent l’envisager pour 2005, Arafat et l’Autorité palestinienne proclament l’État palestinien dans ses frontières du 4 juin 1967, délimitées et reconnues par les résolutions de l’ONU.
Rejetée par Sharon et le Likoud, cette délimitation a pour elle la légalité internationale. De surcroît, elle a été proposée à Israël par les vingt-deux pays de la Ligue arabe et, auparavant, avait été acceptée par les négociateurs israéliens eux-mêmes à Taba (janvier 2001).
Elle devrait finir par prévaloir.
2. Une fois l’État proclamé, les dirigeants palestiniens demandent l’évacuation de son territoire par l’armée israélienne dans un délai raisonnable (deux ans, par exemple) et se déclarent disposés à négocier avec Israël les modalités de cette évacuation.
Ils précisent que les colons israéliens qui désirent rester en Palestine après cette évacuation auront les droits et les devoirs des étrangers.

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3. Ils réaffirment et proclament le droit au retour des réfugiés (les Palestiniens contraints à l’exil dans les pays voisins, certains depuis… 1948) dans l’État palestinien.
Et invitent Israël et la communauté internationale à négocier les droits moraux et matériels de ces réfugiés, à faciliter et à financer l’installation dans des pays d’accueil de ceux qui ne retourneraient ni en Israël (qui a accepté d’en accueillir 75 000 à 100 000) ni en Palestine.
4. Ils se déclarent responsables de la sécurité des personnes et des biens à l’intérieur des frontières du nouvel État ainsi que des actes de tous leurs concitoyens résidant en Palestine, militants du Hamas et du Djihad inclus.
5. Ils conjurent tous les pays du monde, l’ONU et ses agences de reconnaître l’État palestinien, de l’aider à faire son entrée et ses premiers pas dans le concert des nations.
Et se déclarent disposés à négocier avec Israël tous les problèmes hérités d’une si longue interpénétration qui se mue en voisinage avant de déboucher enfin sur une ère d’entente et de coopération…
Je suis persuadé que l’annonce de ces décisions et leur mise en oeuvre susciteraient de larges soutiens et peu d’oppositions, y inclus en Israël et au sein de la diaspora juive.

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