Ouganda : une révolution tranquille
Publié le 30 septembre 2003 Lecture : 1 minute.
L’Ouganda vient d’abandonner une reine et de se donner un roi pour président. Le 9 octobre, date du premier anniversaire de l’accession à l’indépendance du pays, S.M. Elizabeth II a perdu ses sept millions de sujets ougandais. Elle a cédé son titre de chef de l’État à Mutesa II, kabaka du Bouganda, seul candidat à ce poste, désigné par le Congrès du peuple, parti actuellement majoritaire. Âgé de 38 ans, cet ancien capitaine
des grenadiers de la Garde de la couronne britannique est connu dans son pays sous le surnom de « roi Freddie » depuis qu’il a été exilé de 1953 à 1955 en Grande-Bretagne pour avoir refusé de « coopérer loyalement avec les autorités coloniales ».
Par ce geste, les dirigeants de l’Ouganda ont huit jours après ceux du Nigeria tenu à réaffirmer leur indépendance totale vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. En outre, les responsables politiques de ce pays, qui est en fait une fédération de
monarchies tribales, ont voulu prouver à l’opinion africaine qu’ils entendaient s’aligner sur les autres États membres du Commonwealth qui ont choisi le statut de République.
La nomination de Mutesa II à la tête de l’État est l’uvre de Milton Obote, Premier ministre et chef du gouvernement qui reste d’ailleurs détenteur de l’essentiel du pouvoir. Habile tacticien, homme de compromis, convaincu de ce que l’unité nationale ne sera maintenue qu’au prix de très longs efforts, ce dernier est le promoteur de ce que ses partisans appellent « une révolution tranquille ». Éloquence facile, humour parfois acerbe, admirateur de Julius Nyerere, président de la République du Tanganyika avec lequel il présente certaines affinités de caractère, Milton Obote a donné pour emblème au Congrès du peuple la main ouverte. Il met en pratique les slogans sur lesquels il mobilise les foules : c’est lui qui, au prix de réelles difficultés, a imposé à ses amis le choix du souverain de la région la plus prospère et la plus évoluée de l’Ouganda.
