Noirs d’ici et d’ailleurs

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

À compétences égales, un Noir a-t-il plus de chances de « percer » aux États-Unis qu’en France ? Cette question, je l’ai posée récemment à quelques amis. L’un, Guinéen né au Congo, a passé son adolescence au Togo, étudié (et travaillé) en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Le deuxième, Sénégalais installé de longue date à Washington, a, lui aussi, étudié et exercé ses talents à Paris. La troisième n’est autre que la tendre moitié de ce dernier, Africaine-Américaine originaire de la Barbade et ayant longtemps vécu en Afrique et en France.
Les États-Unis, expliquent mes amis, sont, avant tout, un pays d’immigration où chacun est, finalement, chez lui. Et où, sans doute à cause de la traite esclavagiste et de la lutte pour les droits civiques, la société est, plus qu’ailleurs, réactive au sort de sa composante noire. En Europe, pourtant continent d’origine des négriers, l’on n’a pas cette obligation historique.

Aux États-Unis, on s’empresse de montrer, voire de démontrer, chiffres à l’appui, que la société a évolué. Résultat : deux des personnalités les plus influentes du globe, Colin Powell et Condoleezza Rice, sont des Africains-Américains. Tout comme pèsent aujourd’hui dans le monde de la finance, de l’industrie et de la presse Dick Parsons, le président d’AOL Time Warner, Ken Chenault, le boss d’American Express, Stanley O’Neal (Merrill Lynch), sans oublier Carl McCall, l’ex-contrôleur financier de la ville de New York, devenu en janvier 2003 l’un des patrons de la NYSE, la fameuse Bourse de New York…
En France, pareille révolution paraît inimaginable. Pas de patrons noirs, pas de présentateurs vedettes d’origine africaine au JT de 20 heures sur les grandes chaînes généralistes, service public compris. Mieux encore : une bonne majorité des journalistes exerçant à la rédaction centrale de RFO et de RFI, à Paris, sont des Français « de souche. » Et les rares ministres d’origine africaine ou antillaise appelés au gouvernement héritent « tout naturellement » des départements « mineurs », voire folkloriques, quand bien même ils sont ingénieurs des mines ou économistes. En France, « où tous les hommes sont égaux », la différence n’est donc pas vraiment admise, et la fameuse « intégration » conduit rarement les Noirs, même les plus méritants, sur les premières marches du podium. Sauf, peut-être justement, dans certaines disciplines sportives et dans la musique. Aux États-Unis, en revanche, la société offre plus de perspectives et permet aux plus entreprenants de s’en sortir, même si le système lui-même est fait de telle sorte que les plus faibles éprouvent plus de difficultés que d’autres à s’extirper de la pauvreté.

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