Vos lettres et e-mails sélectionnés

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 5 minutes.

Belle et voilée
Il faut être très belle pour pouvoir porter le voile. La photo que j’aime bien dans votre journal, c’est celle de cette jolie Iranienne (JAI n° 2222-2223, p. 34). Sa tenue, tout en respectant sa religion, est raisonnable. Je trouve que les musulmanes sont dignes et élégantes avec leurs robes longues. Les plus belles étant à mon goût les Indiennes avec leurs saris. Cela dit, je n’aime pas non plus les hommes qui se promènent torse nu dans la rue, rien de plus beau qu’une djellaba, un grand boubou ou la tenue des hommes du désert… Dans une société où le « jeunisme » et la beauté priment le reste, il faut parfois être très courageuse pour se montrer avec un visage fatigué et pas très beau et là on aimerait bien se cacher sous un voile… Le bon côté du tchador, c’est, en effet, qu’on peut grossir à volonté, ne pas s’épiler les jambes, ne pas se maquiller… Mais l’important reste la liberté de porter ce que l’on veut. Celles qui sont vieilles ou laides et qui montrent quand même leurs jambes, leurs bras et leurs décolletés ont la chance que le ridicule ne tue pas.

Courage Francis !
Une fois n’est pas coutume, mais quand un travail est bien fait, je pense qu’il est du devoir de chaque lecteur de le faire savoir. J’ai constaté que depuis la sortie de son article sur les femmes « et les parties de leur corps à cacher ou non », Francis Kpatindé a fait l’objet de quelques messages d’une sévérité particulière.
Je ne crois pas, pour le lire depuis des années, que Francis soit, comme il a été décrit ici, « un de ces mâles qui veulent contenir la moitié de l’humanité dans les ténèbres ». Bien au contraire, je le classerais parmi ces rares Africains respectables modernes qui ne renient pas leurs origines et leurs conditions, mais ne s’approprient pas automatiquement les clichés du monde occidental.
Francis, j’ai lu et relu ton article, et j’en suis sorti réconforté. Ce n’est pas une caricature de la femme. Mais il y a une ironie latente qui a échappé à de nombreux lectrices qui se sont senties blessées.
Que Francis ait fait preuve de cynisme, OK. Mais, qu’on doive le traiter comme ces hommes qui pensent être supérieurs aux femmes et qui préfèreraient l’hypocrisie du voile à la franchise du décolleté. Décolletée ou voilée, en pantalon ou en minijupe, en bikini ou en string, une femme est une femme. On lui doit le respect.

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De la bonne gouvernance
La notion de « bonne gouvernance », fréquemment utilisée dans le vocabulaire des institutions internationales, a été tellement galvaudée qu’il est devenu difficile de savoir ce qu’elle désigne concrètement. La bonne gouvernance ne peut être assurée que par un gouvernement politiquement responsable devant un Parlement, détenteur de la souveraineté du peuple obtenue par voie d’élections libres et transparentes. La bonne gouvernance ne peut donc être bonne que si elle s’appuie sur un socle démocratique, ce qui exclut les pays où les dirigeants ont obtenu le pouvoir par la fraude ou la corruption. Lorsqu’un peuple assiste, impuissant, au bradage des ses biens essentiels et n’est pas consulté sur son endettement, on ne saurait parler de « bonne gouvernance ».
Celle-ci implique, sur le plan économique, la planification du développement et non une navigation à vue. En tant que Camerounais, je regrette l’époque des plans quinquennaux dont l’élaboration et l’exécution donnaient lieu à un profond dialogue et à une grande mobilisation de toutes les forces vives de la nation.

Lettre de prison
Depuis quelques années la France mène une campagne acharnée contre ce qu’elle appelle le « terrorisme ». On ne peut pas reprocher à ce pays de vouloir procurer un sentiment de sécurité à ses citoyens. En revanche, ce qui est plus critiquable, ce sont les conditions et les moyens utilisés pour concrétiser cet objectif. Je ne citerai que les arrestations arbitraires, les coups et les pressions de toute nature pendant la garde à vue et les longues détentions provisoires. Le plus honteux, ce sont les pressions exercées sur les épouses des suspects. Et je peux en témoigner. J’ai été arrêté dans le cadre de l’affaire de Romainville pour espérer obtenir la libération de mon petit frère, détenu à la base américaine de Guantánamo.

« La fin du début »
C’est un titre très évocateur (Ce que je crois, J.A.I. n° 2227). La guerre en Irak risque de plonger les États-Unis et ses alliés dans le ridicule le plus complet. Elle fait baisser la cote de sympathie et de popularité de George W. Bush. Pour quelqu’un qui croyait vaincre le terrorisme planétaire et combattre ses suppôts, le constat est amer. Les soldats de la coalition s’enfoncent dans le sable du désert irakien.
Ce numéro de J.A.I. comprend, en plus, une analyse très pertinente de la situation en Côte d’Ivoire un an après.

Boutef, le moins mauvais !
Je suis déçu qu’on ne reconnaisse pas tout ce qu’a fait le président alégérien Abdelaziz Bouteflika. Même si ce n’est pas un parfait démocrate, il a fait ce qu’il a pu : réouverture des consulats français en Algérie, réhabilitation de la langue française, modification des programmes scolaires, retour du français dès l’école primaire, rayonnement de l’Algérie à l’étranger, excédent de la balance commerciale, etc. Certes, il reste le code de la famille à abroger… Mais, il ne peut pas tout faire avec un système politique corrompu et un peuple qui mélange la religion avec tout. En conclusion, Boutef est le moins mauvais de tous les candidats à sa succession. Contrairement à ceux qui veulent le « court-circuiter », lui cherche le bien de l’Algérie et de son peuple.

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Honneur à Drogba
Le match Real Madrid-Olympique de Marseille au stade Santiago Bernabeu pour le compte de la première journée de la Ligue des champions (16 septembre) a été marqué par un nom : Didier Drogba. L’attaquant ivoirien de l’OM est venu à bout de la défense de la meilleure équipe du monde en inscrivant le premier but du match. Las, il a subi, après ce coup de tonnerre et pendant tout le reste du match, des réactions racistes proférées par une partie du public espagnol. Elles ne font pas honneur à l’Occident moderne, donneur de leçons de civisme.

Pouvoir kaki
À la veille de la prise de fonctions du nouveau président de l’Union africaine (le 16 septembre), des militaires ont à nouveau envahi la scène politique pour faire tomber le président Kumba Yala de Guinée-Bissau. Le démocrate Alpha Oumar Konaré a donc du pain sur la planche. Grâce à sa grande expérience et à son intégrité, il arrivera, je l’espère, à mettre fin aux descentes musclées des « hommes en kaki ». Longue vie à l’Union africaine.

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