Champions génétiquement programmés

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Un gène lié aux performances athlétiques a été découvert par une équipe australienne de scientifiques du sport. Cette annonce relance le débat sur une éventuelle sélection génétique des athlètes. Le gène existe sous deux formes. L’une prédisposerait à devenir sprinter, la seconde à exceller dans les courses de fond. C’est la seconde fois que l’on découvre un gène prouvant une prédisposition à l’athlétisme. Le premier, l’enzyme de conversion de l’angiotensine, ou ACE, produit une enzyme qui influence l’efficacité avec laquelle nos muscles brûlent l’oxygène et la vitesse à laquelle certains muscles se développent. Le gène découvert par l’équipe australienne s’appelle alpha-actinine 3, ou ACTN 3. Une version, dite « allèle R », produit de l’actinine, une protéine localisée uniquement dans les fibres musculaires lisses. Celles-ci interviennent dans l’explosion de vitesse et de puissance dont les sprinters ont besoin. L’autre version, appelée « allèle X », ne produit pas d’actinine.
Les chercheurs ont étudié le profil génétique de plus de 300 athlètes, dont 50 ont représenté l’Australie lors de compétitions internationales. Ils ont découvert que 95 % des sprinters de haut niveau possédaient au moins une copie de l’allèle R, alors que 50 % en avaient deux copies (The American Journal of Human Genetics, vol. 73, p. 627). Chez les coureurs de fond, seuls 76 % possèdent un allèle R, et 31 % deux. Parmi le groupe témoin, constitué de 400 personnes, 72 % possèdent un allèle R, et 30 % deux. Hériter de deux allèles X signifie ne pas produire du tout d’actinine. Une situation qui ne se présente que dans 5 % des cas chez les sprinters, contre 18 % dans la population. Et « aucune femme sprinter de haut niveau n’est XX », explique Kathryn North, de l’institut de recherche neuromusculaire à l’hôpital pour enfants de Westmead, à Sidney. Cependant, lorsque l’on en vient aux coureurs de fond, une proportion plus importante que la moyenne possède la combinaison XX et est ainsi incapable de produire de l’actinine. « Je pense que l’absence d’ACTN 3 signifie que les muscles d’un individu sont plus « lents » dans l’effort mais plus endurants », précise North. Le rôle exact de l’actinine 3 n’est pas encore déterminé. L’équipe de North mène des études sur les animaux et en laboratoire pour mieux comprendre ce phénomène.
Cette interprétation lui est disputée par Hugh Montgomery, dont l’équipe a découvert l’ACE. Il écarte l’idée selon laquelle des découvreurs de talents pourraient utiliser des tests génétiques pour identifier les futurs champions d’athlétisme. Il explique ainsi que de nombreux facteurs influencent les résultats d’un sportif, comme la taille, le rendement métabolique, le volume des poumons, la préparation psychologique. Des membres de l’équipe de North acceptent ce point de vue. « Être un athlète de haut niveau n’est pas entièrement dépendant de l’ACTN 3. Utiliser des marqueurs génétiques pour prévoir la performance sportive est encore hautement contesté », explique Jayson Gulbin, qui coordonne les activités de recrutement pour l’Institut du sport australien. « Mais si nous trouvons un profil génétique qui a une fonction prédictive utile, alors je préfère considérer que cela pourrait être utilisé à des fins de discrimination positive. »

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