Élections en RDC : Kabila toujours silencieux, l’Église et l’Union africaine montent au créneau
La très influente Eglise catholique est sortie de sa réserve, lundi 6 août, pour exhorter les autorités congolaises à laisser entrer Moïse Katumbi dans le pays. De son côté, le pouvoir est resté silencieux à moins de 48 h de la date-butoir de dépôt des candidatures à l’élection présidentielle.
Le président Joseph Kabila n’a toujours pas pipé mot, alors qu’il doit dire d’ici mercredi 16h30 (15h30 GMT) s’il désigne un dauphin à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre ou s’il brigue un troisième mandat malgré la Constitution et les menaces de sanctions étrangères.
L’Union africaine (UA) a demandé aux responsables congolais « de tout mettre en œuvre pour un scrutin paisible, transparent et véritablement inclusif » et a jugé « crucial » « d’assurer le respect scrupuleux des droits et libertés de tous les Congolais ».
Ces déclarations du président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, interviennent au moment où un adversaire en exil de Joseph Kabila, Moïse Katumbi, accuse Kinshasa de l’avoir empêché de rentrer en RDC pour déposer sa candidature.
« Une compétition électorale équitable et crédible »
L’appel du président de la Commission de l’UA a reçu le soutien de l’Union européenne, qui a souligné l’importance des « mesures de décrispation, afin d’assurer une compétition électorale équitable et crédible ». Silence par contre du côté de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), qui est numériquement la plus importante au Monde.
De leur côté, les États-Unis envisageraient de resserrer l’étau des sanctions autour de Joseph Kabila, selon une publication du quotidien américain Financial Times. « Les Etats-Unis tentent de convaincre Kabila de s’en aller entre maintenant et le 8 août. Ils tentent de faire pression sur sa famille et ses finances », relate une source anonyme citée par le journal.
« En juin, au moins un membre de la famille de M. Kabila a été la cible d’une interdiction de visa décrétée par le Département d’Etat », poursuit le FT en citant trois sources proches du dossier.
Manifestations à Lubumbashi
Très influente en RDC, l’Église catholique a demandé lundi aux autorités de Kinshasa de laisser « notre compatriote Moïse Katumbi entrer au pays et déposer sa candidature comme tous les autres candidats ».
Des manifestations réclamant son retour ont été dispersés lundi matin à Lubumbashi, le fief de Moïse Katumbi, où la police a procédé à des tirs de sommation en l’air. Plusieurs organisations de la société civile ont déploré dans un communiqué « des tirs à balle réelle ayant causé quatre blessés graves » et un « usage disproportionné de la force ».
À Kinshasa, la vie est tout à fait normale, à part quelques mouvements devant la Commission électorale quand un ténor de la scène politique congolaise, Vital Kamerhe, est venu déposer sa candidature.
Félix Tshisekedi à la Ceni mardi ?
Ancien président de l’Assemblée nationale passé à l’opposition, Vital Kamerhe est le deuxième adversaire du président Kabila à déposer sa candidature après l’ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba jeudi.
Le leader du parti historique d’opposition UDPS Félix Tshisekedi doit déposer la sienne mardi. Tous n’excluent pas à terme une candidature unique.
Pour sa part, la commission électorale (Céni) a indiqué dans son bulletin quotidien que « 35 000 machines à voter viennent d’embarquer en Corée du Sud » à destination de la RDC. Ces machines d’une société sud-coréenne sont qualifiées de « machines à tricher » par l’opposition.
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