Censure : chassez le naturel…

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 1 minute.

Depuis le 24 septembre, les deux chaînes d’information arabes Al-Arabiya et Al-Jazira sont interdites de couverture des activités et conférences officielles pour une période de quinze jours. Ainsi en a décidé le Conseil de gouvernement transitoire irakien, nommé par les États-Unis. Motif : la diffusion d’images de résistants armés appelant à l’élimination des membres du Conseil. Il est vrai que la ligne éditoriale de ces deux chaînes ne se caractérise pas par une sympathie débordante pour la coalition et le gouvernement qu’elle parraine : les messages sonores de Saddam Hussein sont diffusés dès réception, la stratégie et le choix des cibles de la résistance sont commentés avec bienveillance, et les bavures américaines et britanniques sont abondamment couvertes.
La décision du Conseil de gouvernement transitoire, dont l’existence se fonde pourtant sur une revendication de démocratie et de liberté, ne laisse de surprendre. D’autant que le communiqué qui l’annonce sonne comme un véritable avertissement à l’ensemble des médias opérant en Irak : interdiction de toute incitation à la violence et au désordre, de toute propagande pour le retour du Baas. Un énoncé suffisamment vague pour donner toute latitude aux autorités irakiennes pour fermer le bureau d’un média étranger à Bagdad.
Où s’arrête l’information et où commence la propagande baasiste ? Obtenir aujourd’hui une interview de Saddam Hussein (fantasme de tous les journalistes de la planète) vaudra plus à son auteur la réputation d’un « gazeur de Kurdes » que le prix Pulitzer. Bien entendu, la décision du Conseil, présidé par le trouble Ahmed Chalabi, a été prise à l’issue d’une réunion avec le conseiller juridique de Paul Bremer, l’administrateur américain de l’Irak.

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