Ah ! Fidel !

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans la dernière livraison du magazine Paris-Match, le Líder máximo s’épanche sans retenue – mais non sans rouerie – au micro du réalisateur américain Oliver Stone, dont le film Looking for Fidel sortira début 2004 sur les écrans. En une allusion transparente à son face-à-face plus que tendu avec George W. Bush, Castro dit ceci : « Le monde est guidé par la loi de la jungle. Si vous croisez un barracuda en nageant – ça m’est arrivé – et si vous avez peur et tentez de regagner le rivage, vous êtes fichu. Si vous le fixez droit dans les yeux, le tueur s’en va. Pareil avec les chiens méchants. C’est le principe de tous les Cubains : ne jamais tourner le dos à l’agresseur. »
Et Dieu sait si Fidel a croisé des barracudas et des chiens méchants venus du Nord : pas moins de 700 attentats, un record mondial, auraient été ourdis contre sa personne. La plupart par la CIA, dont « l’activité terroriste » aurait causé la mort de 3 500 Cubains en quarante ans, sans oublier les virus – peste porcine, dengue et parasites divers – introduits sur l’île pour détruire cheptel, plantations et population.

Assiégé mais serein, cet homme de 77 ans ne regrette rien. Ni d’avoir fourni à Saddam Husssein, alors au pouvoir, un orthopédiste – « Et alors, c’est un crime ? Il avait des problèmes de dos, le traitement a été couronné de succès » -, ni d’avoir expédié, il y a une vingtaine d’années, près de 400 000 hommes de troupe en Afrique, dont 2 307, révèle-t-il, ont laissé leur vie en Angola en quinze ans de présence. Mais il a toujours refusé de retirer son contingent, même lorsque Henry Kissinger lui a offert de lever, en échange, l’embargo contre Cuba.

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Inoxydable Fidel. Cuba, dit-il, est le deuxième pays au monde (après le Danemark) pour le nombre d’enseignants par habitant et le premier exportateur de médecins – « Plus de trois mille, payés sur notre budget, travaillent à l’étranger, dans des régions très reculées où leurs confrères occidentaux seraient incapables d’aller. » Quant au taux de mortalité infantile, il est inférieur à celui des États-Unis ! Un peu comme Kadhafi, il se considère comme « une sorte de leader spirituel » dont les pouvoirs sont « essentiellement d’ordre moral ». Patriarche, il « distribue de l’amitié » à son peuple et balaie d’un revers de la main les dissidents, lesquels ne représentent à ses yeux que « 0,2 % de la population ». Mourra-t-il au pouvoir, en caudillo inébranlable ? « J’espère simplement que je comprendrai, le moment venu, qu’au lieu d’aider mon peuple je suis devenu un fardeau. » Reste qu’il sera le seul à en décider et qu’à lire ce qui suit – et qui conclut l’entretien – on est en droit de douter de l’imminence de ce « moment » tant attendu par nombre de Cubains : « Je me sens comme un oiseau qui sort du nid. Je vole vers l’éternité. Parfois, je me dis que j’aimerais bien être ici en l’an 3000. »

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