AfriCar, une Trabant pour l’Afrique

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

De 1957 à 1991, l’usine de Sachsenring a vendu en Allemagne de l’Est plus de 3 millions de Trabant. Polluante et bruyante, roulant à moins de 100 kilomètres/heure, ce symbole de l’inefficacité industrielle de l’Empire soviétique n’avait guère évolué pendant trente ans. La chute du mur de Berlin a entraîné la faillite du constructeur, mais plus d’un demi-million d’exemplaires sont encore en circulation.
La Trabant avait pourtant des qualités appréciables. Robuste et facile d’entretien, son moteur possède peu de pièces complexes, susceptibles de s’user et de se casser. Une conception minimaliste, et une technologie qui résiste à des routes difficiles : pas de freins à disque, pas de radiateur, pas de pompe à huile. Le moteur fonctionne à deux temps, comme celui d’une mobylette, l’huile étant directement mélangée avec l’essence pour le lubrifier. Pas de pompe à essence non plus, le réservoir placé au-dessus du moteur permet son alimentation par simple gravité. Les ingénieurs ont fait des économies jusque dans la conception de la carrosserie, fabriquée avec un mélange de coton compressé et de résine baptisé Duroplast.
Construire une voiture africaine en recyclant certaines bonnes idées de la Trabant se justifie. L’AfriCar serait une voiture bon marché, accessible pour 3 000 euros, inusable et facile à réparer. Cette bête de somme mécanique pourra circuler sur les pistes défoncées du continent africain, avec le même entêtement que son ancêtre sur les routes pavées de la République démocratique allemande. D’après Roman Winkler, le directeur du développement du projet AfriCar, c’est cet esprit low tech qui devrait en assurer le succès. Adaptée aux besoins de pays à faibles revenus, elle sera peu rapide et pourra résister à de longues distances. Le responsable du projet, l’homme d’affaires Peter Mandos, croit possible de convaincre des investisseurs potentiels, son pari étant de démocratiser la voiture en Afrique. L’université de Dessau (ex-RDA) travaille déjà sur des prototypes améliorés, car il n’est pas question que l’AfriCar soit aussi nuisible à l’environnement que son ancêtre. Le moteur à deux temps, jugé trop polluant, va être abandonné, et l’essence sans plomb privilégiée.
L’étude de faisabilité doit déboucher au début de l’année 2004. Les investisseurs devront alors débourser 80 millions d’euros supplémentaires pour la construction d’une première usine en Afrique du Sud. La production pourrait alors démarrer d’ici à trois ans avec une main-d’oeuvre et des matériaux locaux.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires