Abdelmajid Sidi Saïd

Secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens

Publié le 29 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/L’intelligent : Que vous inspire l’échec des négociations de l’Organisation mondiale du commerce [OMC] qui se sont tenues au Mexique à la mi-septembre ?
Abdelmajid Sidi Saïd : D’une certaine manière, cet échec est une bonne chose. Il prouve à nos dirigeants que la solution aux problèmes de l’Algérie ne peut venir que de l’Algérie elle-même et qu’il ne sert à rien de se précipiter vers l’adhésion à l’OMC. À court terme, la clé réside dans la remise en route de l’appareil productif algérien par l’investissement. Ce n’est pas ce que veut le monde dit « développé ». Lui ne voit l’Algérie que comme un réservoir de consommation et, du coup, le pays importe à tout-va. On doit changer tout cela : nous ne subissons plus la dictature du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, mais il n’est pas non plus question de subir aujourd’hui le diktat de la finance mondiale. Pas plus qu’il n’est question que nous demeurions tributaires des fluctuations du cours du pétrole. Ce qu’il nous faut, c’est un État fort, à la fois régulateur et contrôleur, qui nous préparerait à l’après-pétrole. Ce n’est pas le cas actuellement.

J.A.I. : Vous reconnaissez-vous dans le mouvement des altermondialistes ?
A.S.S. : Je respecte la cause pour laquelle ils militent, mais je demande à en voir les résultats. Anti- et altermondialistes pleurent sur nous, mais cela ne nous aide pas. Ce que nous attendons, c’est par exemple une coopération technologique : arrêtez donc de nous envoyer des médicaments ! Aidez-nous à former des médecins et à construire des hôpitaux ! Les pays développés ne comprennent pas cela. Ils y auraient pourtant intérêt, ne serait-ce que pour ralentir l’immigration.

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J.A.I. : Qu’attendez-vous de la négociation tripartite [syndicats-gouvernement-patronat] qui se tiendra les 9 et 10 octobre ?
A.S.S. : Une révision à la hausse du salaire minimum. Depuis l’an 2000, il avoisine les 8 000 dinars (93 euros) : c’est très insuffisant. Une étude que nous avons réalisée au mois d’août montre qu’une famille de sept personnes (soit un couple et cinq enfants, dont trois sont scolarisés) a besoin, chaque mois, de plus de 23 000 dinars (268 euros) pour vivre décemment – la partie la plus importante de ce budget allant à l’alimentation. Nous demandons donc un salaire minimum garanti à 15 000 dinars (174 euros). Évidemment, les négociations s’annoncent difficiles, mais c’est à nous de faire comprendre à l’État l’urgence de la situation.

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