Aide française au développement : ce que le rapport Berville veut moderniser
Le député Hervé Berville remettra fin août au chef de l’État français un rapport sur la modernisation de la politique française d’aide publique au développement.
Le député des Côtes-d’Armor (nord-ouest) et de La République en marche, Hervé Berville, remettra à Emmanuel Macron son Rapport sur la modernisation de la politique partenariale d’aide au développement et de solidarité internationale, dans la perspective de la Semaine des ambassadeurs, que le chef d’État français lancera le 27 août.
Ces 96 pages s’ouvrent sur un constat : « La trajectoire [des pays en développement] sera inéluctablement différente de celles qu’ont pu connaître les pays européens, américains et asiatiques ». Tout est « interconnecté » : croissance démographique, urbanisation accélérée, climat déréglé, pauvreté persistante et terrorisme.
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Pour corriger les déséquilibres provoqués par la mondialisation, la France a des atouts multiples puisqu’elle a pris le leadership sur les défis environnementaux et qu’elle a inventé une approche « 3D » : diplomatie, défense, développement. Hélas, sa stratégie est peu cohérente, les Français y sont peu associés et l’argent de l’aide améliore peu le sort des plus vulnérables, notamment en Afrique.
Les dons aux pays les moins avancés stagnent depuis 2010 à moins de 2 milliards
Le gros de l’effort financier se fait sous forme de prêts aux pays émergents (84 % sur 9,4 milliards d’euros en 2016) et les dons aux pays les moins avancés stagnent depuis 2010 à moins de 2 milliards.
Multilatéral versus bilatéral
Le rapport critique l’opacité et la faible coordination de l’aide au niveau national comme au niveau européen. Cela conduit à un saupoudrage des fonds et à une faible influence de la France sur les programmes de développement. Peu médiatisée, sa politique peine à mobiliser le secteur privé sans lequel l’Afrique, par exemple, ne créera pas les emplois nécessaires aux 350 millions de jeunes qui se présenteront sur son marché du travail d’ici 2050.
« Pour créer les conditions d’une mondialisation équitable et soutenable », le rapport Berville propose d’élaborer pour 2019 le cadre d’un « partenariat global » dans un document stratégique exposant la vision à long terme sur une « politique de partenariats et de solidarité internationale ».
Hervé Berville souhaite la nomination d’un Commissaire européen dédié à la relation Europe-Afrique, le plafonnement du montant de l’aide européenne mis à la disposition des institutions multilatérales (Banque mondiale, Banque africaine de développement, etc.), voire leur diminution au profit du bilatéral, la création d’un « Conseil de développement » présidé par le chef de l’État à la place du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid). L’Agence française de développement (AFD) serait rebaptisée « France Partenariats ».
Un programme « jeune expert international »
Il suggère une loi d’orientation qui permettrait au Parlement de fixer les priorités jusqu’en 2025 et la création d’une commission d’évaluation indépendante pour s’assurer de l’efficacité des actions.
Il imagine une stratégie de communication pour sensibiliser les Français : organisation d’un tour de France baptisé « les routes de 2030 » pour populariser aux 17 Objectifs du développement durable (ODD), attribution d’un prix Forum 2030 au terme d’un concours d’idées destiné aux jeunes, institution d’un programme « jeune expert international » qui enverrait pour deux ans au maximum des jeunes mettre leurs compétences au service d’un pays défavorisé, augmentation de 70 à 250 millions d’euros les moyens du Fonds d’urgence humanitaire.
Au président Emmanuel Macron de piocher dans ce catalogue.
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