Cameroun : qui est Cabral Libii, le benjamin de la présidentielle ?
À 38 ans, Cabral Libii est le plus jeune candidat à la présidentielle camerounaise du 7 octobre. Juriste de formation, il est surtout au centre d’un phénomène médiatique. Voici ce qu’il faut savoir sur le « buzz Libii ».
Si une élection se jouait sur les réseaux sociaux, nul doute que Cabral Libii serait un des grands favoris de la présidentielle camerounaise, qui doit se tenir le 7 octobre prochain. Omniprésent sur Internet et dans les médias, le juriste de 38 ans est le plus jeune des candidats retenus par l’instance camerounaise Elecam pour la course à la magistrature suprême et à la succession de Paul Biya.
Voici ce qu’il faut savoir sur le prétendant au palais d’Etoudi.
• ASSOCIATIF
S’il est novice dans la grande arène politique, Cabral Libii fréquente le milieu associatif depuis de nombreuses années. À l’université de Yaoundé II, il devient chef de la coordination des étudiants, dont il se fait le porte-parole.
En 2004, ce fervent catholique, qui prie deux fois par jour, participe notamment à l’appel dit des mille étudiants contre la réélection de Paul Biya. En 2011, il signe encore un manifeste, en compagnie de 80 jeunes, contre l’élite politique du peuple bassa, dont il regrette le manque de volonté et l’incapacité à pouvoir rassembler leurs intelligences afin les intérêts de la communauté.
• JURISTE
Il voulait être médecin « pour soigner les gens ». Mais Cabral Libii, qui a suivi son enseignement primaire à Makak, puis Sangmelima, était, au collège et au lycée, mauvais en mathématiques, ce qui lui a fermé la porte des études scientifiques (contrairement à son petit frère, professeur de Sciences de la vie et de la terre).
Il décide alors d’être avocat et se lance dans des études de droit. Mais, après avoir étudié le droit privé pendant trois ans, il finit par changer de branche et se dirige vers le droit public international, dont il est aujourd’hui spécialiste. Alors qu’il travaille actuellement à sa thèse, il enseigne à l’université Yaoundé II.
• LITTÉRAIRE
Avec un père professeur de français, difficile de ne pas aimer lire. Enfant, « malingre et gringalet », comme il l’avoue lui-même, il préférait profiter de la bibliothèque de son paternel plutôt que de sortir jouer avec ses camarades.
Aujourd’hui, il continue de collectionner les ouvrages à son domicile du sixième arrondissement de Yaoundé, jusqu’à entrer en conflit avec son épouse, qui a du mal à se faire une place. S’il lit beaucoup, Cabral Libii n’en regarde pas moins très fréquemment la télévision. Ses programmes préférés ? Les émissions politiques (dans lesquelles il intervient d’ailleurs fréquemment).
• MACRONISTE
C’est dans l’air du temps : un trentenaire candidat à la présidence est logiquement comparé au chef de l’État français Emmanuel Macron. Cabral Libii ne s’en offusque pas. Mieux, il s’en sert. Dans sa bibliothèque, plusieurs livres concernent le président français : « L’ambigu Monsieur Macron », « Emmanuel Macron, Révolution », livre programme et « Macron par Macron ». Selon le juriste camerounais, la comparaison avec le chef d’État a même été un « élément déclencheur » de ses ambitions politiques.
• MÉDIATIQUE
On ne voit plus que lui sur les plateaux de télévision. Animateur du club journal de son lycée, à Eseka, il a été directeur adjoint de Radio Campus, qu’il a quitté en juillet 2017, et est l’auteur de multiples chroniques dans des émissions politiques.
Très présent sur les réseaux sociaux, ce titulaire d’un master en Sciences de l’information et de la communication espère capitaliser sur son image pour mobiliser les jeunes Camerounais.
• NOVICE
Comme cinq autres candidats (Joshua Osih, Maurice Kamto, Akere Muna, Serge Espoir Matomba, Ndifor Afanwi Franklin), Cabral Libii se lance pour la première dans la plus dure des batailles politiques. Quelque 47 ans le séparent de son aîné de président, Paul Biya, candidat à propre succession et grand favori. Il se présente en tant que challenger du parti Univers (Union nationale pour l’intégration vers la Solidarité), fondé en 2011 par Prosper Nkou Mvondo.
• RASSEMBLEUR
En 2017, il a lancé, en prévision de la présidentielle, le « mouvement des 11 millions d’inscrits », afin de pousser un maximum de Camerounais à s’inscrire sur les listes électorales. Devenue « mouvement des 11 millions de citoyens » au cours de l’année 2018, l’initiative a, selon Cabral Libii, été un franc succès sur lequel il veut compter.
« Il faut commencer par la base, ne pas manger la mangue sans avoir planté le noyau », a-t-il expliqué dans les médias. Depuis plusieurs semaines, il propose également l’organisation d’une primaire entre les candidats de l’opposition. Objectif : une candidature unique face à Paul Biya. Les discussions sont toujours en cours.
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