Cameroun : la crise anglophone bloque une partie des stocks de cacao

Si la production camerounaise de cacao a progressé de 9,4 % par rapport à la campagne précédente – essentiellement grâce à une meilleure surveillance des stocks au port de Douala, qui limite la fraude – une partie des stocks restent bloquée dans les régions anglophones frappées par la crise.

Cacaoyer © Nabil ZORKOT pour les Éditions du Jaguar

Cacaoyer © Nabil ZORKOT pour les Éditions du Jaguar

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Publié le 10 août 2018 Lecture : 2 minutes.

La crise sociopolitique qui touche depuis bientôt deux ans dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun a un impact important sur la filière cacao. Premier bassin de production, le Sud-Ouest est particulièrement atteint.

Alors qu’elle totalisait 45,5 % des achats de fèves lors de la saison 2016-2017, cette région voit sa part dans les ventes descendre à 31,5 % du total au cours de la campagne cacaoyère finissante, selon les chiffres rendus publics par l’Office national du cacao et du café (ONCC). Elle se fait ainsi ravir la première place par la région du Centre dont les achats ont grimpé de 37 % à 50,3 % sur la même période.

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« Beaucoup de producteurs ont abandonné les plantations pour se réfugier au Nigeria. Par ailleurs, des magasins de stockage ont été attaqués dans la zone », insiste notre source pour justifier cette contre-performance.

Stocks bloqués en zone anglophone

Cette situation n’a pas eu d’incidence sur le niveau de commercialisation de la production nationale qui progresse de 9,4 %, pour atteindre à 253 510 tonnes, selon l’Office national du cacao et du café (ONCC). « Cette progression est surtout attribuable à l’instauration d’un meilleur dispositif de contrôle des sorties des stocks, notamment une nouvelle plateforme électronique au port de Douala qui empêche certains exportateurs de frauder dans leurs déclarations », souligne notre responsable du CICC, précisant que lors d’une campagne précédente, les autorités avaient découvert après coup que 40 000 tonnes avaient été soustraites des procédures douanières.

Mais si les chiffres de production augmentent, les exportations chutent de 13,36 %, pour se situer à 170 981 tonnes. « Au moins 20 000 tonnes restent bloquées en zone anglophone à cause de l’insécurité qui bloque l’écoulement du produit », relève un cadre du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), l’organisme regroupant les différents acteurs (producteurs, exportateurs, transformateurs), contacté par Jeune Afrique.

Le pays se retrouve avec 27 159 tonnes de stocks – un record dans l’histoire du secteur – au terme de la campagne 2017-2018 achevée le 15 juillet, contre 7212 tonnes lors de la campagne précédente, tandis que les exportations restent dominées par le duo Telcar Cocoa (Cargill) et Olam, avec respectivement 27 % et 20,7 % des parts de marché.

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Fruit de l’entrée en activité de nouveaux acteurs dans le secteur, la transformation locale fait quant à elle un bond de 61,7 %, passant de 33 023 à 53 403 tonnes sur la période.

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