Présidentielle au Mali : les abstentionnistes, entre lassitude et déception

Plus de la moitié des Maliens ne se sont pas rendus aux urnes le 29 juillet pour le premier tour de la présidentielle. Au-delà des incidents qui ont empêché le vote dans plusieurs bureaux dans le centre et le nord du pays, ce fort taux d’abstention reflète la défiance des électeurs maliens vis-à-vis de leurs hommes politiques.

Début du dépouillement dans un bureau de vote à Bamako, dimanche 29 juillet. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Début du dépouillement dans un bureau de vote à Bamako, dimanche 29 juillet. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 9 août 2018 Lecture : 5 minutes.

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Présidentielle au Mali : dernière ligne droite

Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé s’affrontent dimanche 12 août pour le deuxième tour de la présidentielle malienne. Si le premier bénéficie d’une confortable avance, le second croit encore dans ses chances de retourner la situation. Le point ici sur les résultats, les ralliements, l’enjeu de l’abstention et les défis sécuritaire et organisationnels du scrutin.

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« Pourquoi je n’ai pas voté le 29 ? Ce sont tous des égoïstes. D’ailleurs je n’ai jamais voté ! » Assis près de son étal de fripes au marché de Médina Koura, à Bamako, Ousmane s’étonne même que l’on pose la question, tant la réponse lui semble évidente. « J’avais voté pour IBK en 2013. Mais cette année, je n’ai même pas récupéré ma carte d’électeur. Je suis trop déçu », renchérit d’une voix calme son voisin d’étal, Moussa. Parmi la dizaine de commerçants installés le long de la route, peu exhibent des restes d’encre bleue sur l’index, preuve de leur vote.

Selon les résultats validés par la Cour constitutionnelle mercredi 8 août, les abstentionnistes ont beau être majoritaires, la participation a cependant été l’une des plus élevées de ces dernières années. 23 % en 1992, 36 % en 2007… Seule exception, la présidentielle de 2013, lors de laquelle près de la moitié des électeurs s’étaient rendus aux urnes. Une mobilisation sans précédent qui tient au contexte. Le pays sortait d’un coup d’État militaire et la volonté de tourner la page a motivé les électeurs à se déplacer.

On a encore l’impression d’être dans les années 1990

Comment expliquer ce désamour chronique des Maliens envers leur classe politique ? Il y a d’abord l’absence de renouvellement, la lassitude de voir les mêmes acteurs se partager sans cesse le devant de la scène. Au Mali, les élections se succèdent et les castings ne changent que très peu. Opposants bien rodés, anciens ministres ou députés, souvent passés par l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema-PASJ) avant de créer leur propre parti… la plupart des candidats à la présidentielle sont des habitués de la scène politique. « Tous les principaux candidats se sont côtoyés il y a une vingtaine d’années. On a encore l’impression d’être dans les années 1990 », déplore Yacouba, 32 ans, coordinateur d’une agence de communication bamakoise.

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