Élections locales en Guinée : mouvance et opposition trouvent un accord de sortie de crise
Alors que l’opposition menaçait de manifester jeudi à Conakry, une entente politique arrachée de justesse mercredi soir vient désamorcer la crise née des élections communales du 4 février dernier. Mouvance et opposition ont signé un accord sur une gestion consensuelle des douze communes litigieuses.
« Nous étions venus rendre visite à l’opposition républicaine pour lui annoncer la bonne nouvelle, que la Guinée, dans son entièreté, attendait. Ce soir [du mercredi 8 août, ndlr], nous sommes parvenus à un accord sur le contentieux électoral et par conséquent, nous demanderons à l’opposition de suspendre sa grève de [jeudi] et que désormais, nous saluerons son retour au comité de suivi pour que le dialogue permanent entre Guinéens puisse continuer », a annoncé dans la soirée du 8 août Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire RPG-Arc-en-ciel (mouvance présidentielle).
Il s’était ainsi rendu au QG de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition, dirigé par Cellou Dalein Diallo, en compagnie de Bouréma Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, président du comité du dialogue, et de Tibou Kamara, ministre d’État, conseiller personnel du président Alpha Condé et ministre de l’Industrie et des PME, également facilitateur dans la crise.
La première fumée était grise, maintenant elle est toute blanche
Mais après un premier compte-rendu contesté par Cellou Dalein Diallo, lui et ses hôtes ont repris un huis clos d’environ une heure afin de trouver un accord. Au sortir du tête-à-tête, Amadou Damaro Camara a repris la parole, d’un ton plus relâché. « Vous constatez que la première fumée était grise, maintenant elle est toute blanche », a-t-il annoncé, en référence à la désignation d’un nouveau pape.
Consensus sur les circonscriptions
L’opposition contestait les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dans 12 circonscriptions électorales sur les 342 au total, à la suite des élections locales du 4 février 2018. Insatisfaite des décisions de justice qui en ont résulté, elle a multiplié les manifestations de rue pour exiger « les vrais résultats » du scrutin.
Dans un contexte de crise sociopolitique due, par ailleurs, à la hausse du prix du carburant à la pompe, les protagonistes se sont finalement entendus sur une « solution politique qui ne serait basée ni sur un quelconque résultat ni sur une quelconque décision de justice ou de la Ceni, pour que la crise puisse prendre fin ».
En clair, la mouvance accepte de céder à l’opposition la commune urbaine de Kindia, située à 135 km à l’est de Conakry (Basse-Guinée), où le RPG-Arc-en-ciel et l’UFDG étaient donnés au coude-à-coude par les résultats officiels. L’opposition désignera également les présidents des 26 quartiers et districts dont elle réclame la victoire. En contrepartie, le parti au pouvoir reste à la tête de celle de Dubréka (50 km à l’est de Conakry), dont son adversaire réclamait la victoire.
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À Conakry, seule la commune de Kaloum (centre administratif et des affaires), remportée par la liste indépendante Kaloum Yigui (« la confiance de Kaloum » en soussou) de Aminata Touré, fille du premier président guinéen Sékou Touré, n’était pas au centre d’un litige. Le nouvel accord politique prévoit que « les exécutifs communaux des quatre autres communes urbaines à savoir : Matoto, Matam, Ratoma et Dixinn seront élus conformément à la loi ».
Les résultats officiels donnaient vainqueur le RPG à Matam et l’UFDG à Ratoma. Les deux étaient au coude-à-coude (quatorze sièges chacun) à Matoto et un score serré (14 sièges pour le RPG contre 13 pour l’UFDG) à Dixinn. Ces résultats finalement entérinés par le nouvel accord, le RPG et l’UFDG seront départagés durant le jeu d’alliances qu’ils se voient contraints de nouer, principalement avec l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, le Bloc libéral (BL) de Faya Millimouno et la liste indépendante de Badra Koné.
Indemnisation des victimes
L’opposition réclamait également l’application des clauses des précédents accords relatives à l’indemnisation des victimes (économiques, blessées ou ayant droit de personnes décédées) suite à la répression des manifestations de rue. Une préoccupation prise en compte par la loi de finances 2018, qui a alloué des crédits à cet effet.
>>> A LIRE – Élections en Guinée : la rue contre les urnes
Les parties conviennent de « diligenter la mise en œuvre effective de cette assistance ». Quant à la libération des militants arrêtés et détenus dans les mêmes circonstances, « la délégation gouvernementale en a pris acte et promis de rechercher une issue diligente à cette situation ».
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