Maroc : la volaille américaine pourra faire son entrée dans le royaume

Malgré l’accord de libre-échange opérationnel depuis 2006 entre les deux pays, aucun cadre réglementaire ne régissait jusque-là l’importation de volailles américaines au Maroc. Une lacune désormais corrigée, même si cette nouvelle concurrence potentielle inquiète peu les producteurs locaux.

Élevage de poulets © Jacques Torregano pour Jeune Afrique

Élevage de poulets © Jacques Torregano pour Jeune Afrique

Publié le 9 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Mardi 7 août, Robert Lighthizer, représentant américain au Commerce, et Sonny Perdue, secrétaire américain à l’Agriculture, ont publié un communiqué conjoint pour expliquer que la viande de volaille américaine peut désormais être exportée au Maroc. « Ce nouvel accès au marché marocain est une étape importante pour que les agriculteurs et les éleveurs américains puissent continuer à développer leur activité », s’est réjoui Robert Lighthizer.

Ce sera la première fois que le pays de l’oncle Sam exporte ce type de produits vers le royaume chérifien, malgré l’accord de libre-échange signé le 15 juin 2004 entre les deux pays et devenu opérationnel en janvier 2006, aucune réglementation spécifique n’ayant été mise en place côté marocain. « Il faut dire que depuis la signature de cet accord, aucun producteur américain ne s’était intéressé au Maroc », nous explique Abderrahmane Ryadi, secrétaire générale de l’Association nationale des producteurs des viandes de volaille, et membre du conseil d’administration de la fédération interprofessionnelle du Secteur avicole au Maroc (FISA).

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Quotas

Mais récemment, « quelques industriels sont venus plusieurs fois cette année des États-Unis pour jauger le potentiel qu’offre le Maroc et pour rencontrer des acheteurs », nous explique une source au sein du ministère de l’agriculture marocain. La procédure d’homologation a donc été déclenchée pour permettre à la volaille américaine de rentrer au Maroc.

« Les autorités sanitaires marocaines (ONSSA) ont fait part des réglementations et des conditions d’accès au marché marocain. Les discussions ont duré quelques semaines avant qu’un terrain d’entente ne soit trouvé », poursuit notre source au département de l’agriculture.

Ainsi, l’importateur devra respecter quelques règles, notamment la fourniture d’un certificat sanitaire et d’un certificat d’abattage Halal. Pour cette année 2018, le Maroc acceptera de faire entrer un peu moins de 9 000 tonnes, soit 1,3 % de la consommation nationale de ces produits (650 000 tonnes). Cette quantité est appelée à progresser au fur est à mesure, en corrélation avec la hausse de la production.

Verrouillage

Les volailles américaines pourraient générer un chiffre d’affaires de 10 millions de dollars (8,6 millions d’euros) sur le marché marocain. « Le plus délicat à gérer dans ces importations, ça sera la chaîne de froid. Il va falloir des installations spéciales pour assurer cela », estime Abderrahmane Ryadi.

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Cette nouvelle inquiète peu les producteurs locaux, qui estiment que le ministère et l’ONSSA ont bien verrouillé les modalités d’importations. Car si les Américains sont très compétitifs sur les cuisses et ailes de poulets, la faiblesse du quota autorisé (6 400 tonnes pour ces deux produits réunis) ne leur permet pas de constituer une concurrence sérieuse à la production marocaine – par ailleurs largement suffisante pour alimenter le marché local, et même pour exporter vers l’Afrique. 

« D’ailleurs, il est vraiment difficile de penser que les Marocains, très pointilleux sur le « Halal », vont manger du poulet congelé qui provient des USA, même s’il est certifié », nous glisse l’un d’eux.

Le secteur de la volaille au Maroc pèse près de 29 milliards de dirhams.

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