Zimbabwe : l’opposant Tendai Biti libéré sous caution après l’échec de sa demande d’asile en Zambie
Figure de l’opposition zimbabwéenne, Tendai Biti, qui avait été expulsé par les autorités zambiennes après une demande d’asile politique, a finalement bénéficié jeudi d’une libération sous caution par la justice de son pays.
« La lutte continue », a lancé Tendai Biti après des heures d’incertitude sur son sort en arrivant au palais de justice de Harare, menottes aux poignets et encadré par un important dispositif policier.
Jeudi 9 août en fin d’après-midi, l’ancien ministre des Finances du gouvernement d’union nationale (2009-2013), a été présenté à la justice zimbabwéenne qui l’a accusé de « proclamation illégale de résultats électoraux » et « violence sur la voie publique ».
Elle lui a accordé une libération sous caution (5 000 dollars), assortie d’une interdiction de participer à des « débats politiques ou des conférences de presse » et d’une obligation de se présenter deux fois par jour à la police.
La veille, Tendai Biti avait traversé dans la confusion la frontière zambienne à pied.
Avant même une décision de la justice zambienne saisie sur le dossier, Lusaka lui a refusé l’asile jeudi avant de le « remettre aux autorités zimbabwéennes ». La nouvelle a suscité une vague de désapprobation et d’inquiétude chez les opposants zimbabwéens, comme chez les observateurs, aux Nations unies ou dans les chancelleries occidentales.
« La communauté internationale suit de près »
Avant la proclamation des résultats par la commission électorale, Tendai Biti avait notamment annoncé que Nelson Chamisa avait remporté l’élection, tout en défiant la commission d’annoncer un résultat différent.
La répression des manifestations du 1er août, contestant l’annonce de la victoire de Emmerson Mnangagwa, a fait au moins six morts et des dizaines de blessés.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) devrait présenter vendredi son recours contre les résultats de la présidentielle, la première depuis la mise à l’écart du leader historique Robert Mugabe. Le scrutin a été remporté par Emmerson Mnangagwa (50,8 %), devant le leader du MDC Nelson Chamisa (44,3 %). La Cour constitutionnelle aura ensuite 14 jours pour trancher.
L’ambassadeur américain Brian Nichols, qui était présent au palais de justice de Harare, a souligné que « la communauté internationale suivait de près le dossier de Tendai Biti », alors que dans l’après-midi le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR) s’était déclaré « inquiet » du sort de l’ancien ministre. « Le refoulement ou le retour forcé de réfugiés et de chercheurs d’asile vers leur pays d’origine est une violation sérieuse des lois internationales », avait souligné le HCR.
Les chefs de mission diplomatiques de l’Union européenne, des États-Unis, du Canada et de l’Australie avaient demandé au gouvernement zimbabwéen de « garantir son intégrité physique et sa sécurité » et de « s’assurer que ses droits soient respectés ».
La Zambie avait justifié sa position d’expulser l’opposant : « L’asile lui a été refusé parce qu’il n’y a pas un effondrement de l’État de droit dans son pays », selon Dora Siliya, porte-parole du gouvernement zambien.
President Cyril Ramaphosa will undertake Working Visits to the Republic of Zambia and the Democratic Republic of Congo, and attend the Presidential Inauguration in the Republic of Zimbabwe. https://t.co/qR3BS5KMOy
— The Presidency 🇿🇦 (@PresidencyZA) August 9, 2018
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, le poids lourd régional, était jeudi à Lusaka pour s’entretenir avec le président Edgar Lungu. Il « fera aussi une escale au Zimbabwe pour s’entretenir avec le président-élu Emmerson Mnangagwa », a ajouté la présidence sud-africaine sur son compte Twitter, sans donner de précision sur les horaires ou la date de cette escale, qui s’inscrit dans une tournée qui le verra passer aussi par la République démocratique du Congo.
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