Le Japon capitule

Publié le 29 août 2005 Lecture : 3 minutes.

A bord du cuirassé américain Missouri ancré dans la rade de Tokyo, le général Douglas MacArthur et le ministre des Affaires étrangères japonais Mamoru Shigemitsu signent l’acte de capitulation de l’empire du Soleil-Levant. Il est 9 h 25, le 2 septembre 1945. La cérémonie a duré dix-huit minutes. Le 7 mai, à Reims, en France, le général Alfred Jodl avait accepté la reddition sans condition de l’Allemagne. Ce 2 septembre, la Seconde Guerre mondiale prend donc fin. « La mort ne tombe plus du ciel », déclare MacArthur, qui tenait à prononcer les premières paroles du temps de paix.
L’hécatombe a été terrible depuis le début de 1945. En Europe, en février, à Dresde, les bombardements anglais ont fait 150 000 victimes. Sur le front asiatique, les chiffres sont encore plus impressionnants. La conquête de l’île de Iwo Jima en mars par les Américains a entraîné la mort de 30 000 Japonais. Celle d’Okinawa, en mai-juin, y a ajouté plus de 200 000 victimes : 12 520 Américains, 94 136 militaires japonais, 94 000 habitants de l’île, le quart de la population. À quoi il faut additionner les 900 000 morts, dont 100 000 à Tokyo, qu’a provoqués la destruction systématique des 66 principales villes japonaises par les bombardiers B-29.

Le plus spectaculaire fut évidemment l’enfer du feu nucléaire : la bombe Little Boy, lâchée du B-29 Enola Gay piloté par le colonel Paul Tibbets sur Hiroshima le 6 août à 8 h 15, et la bombe Fat Man lancée sur Nagasaki le 9 août à 12 h 01 par le B-29 Great Artist piloté par le major Charles Sweeny. Bilan : 140 000 morts à Hiroshima dans les premières heures et 70 000 à Nagasaki, quelque 350 000 au total dans les décennies qui ont suivi, des suites des radiations. « Je considérais la bombe comme une arme militaire et je n’ai jamais douté un seul instant qu’il fallait l’utiliser », a écrit le président Harry Truman, qui avait succédé à Franklin Delano Roosevelt en avril. « Je n’ai jamais eu la moindre suggestion qu’il ne fallait pas le faire », a déclaré, de son côté, Winston Churchill.
Parallèlement, le 8 août, l’URSS a déclaré la guerre au Japon et envahi la Mandchourie. Le 10 août, le Conseil suprême japonais accepte les conditions de l’ultimatum émis par les Alliés à la conférence de Potsdam le 26 juillet, à condition que les prérogatives de l’empereur Hirohito soient maintenues. Le 14 août, le Mikado annonce lui-même à la radio la capitulation de son peuple. C’est la première fois de l’histoire du Japon que ses sujets entendent la voix de l’empereur, qui ne s’est jamais montré en public. « Mettre fin à la guerre est le seul moyen de rétablir la paix du monde et de soulager la nation de la terrible détresse qui pèse sur elle », a dit Hirohito.

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Il est vain d’épiloguer sur ces carnages ou sur les millions de victimes asiatiques dues à l’expansionnisme nippon de l’avant-guerre. L’intéressant est que la sortie de la Seconde Guerre mondiale a été nettement mieux négociée que celle de la Première. Les traités de paix de 1919-1920, et notamment le traité de Versailles du 28 juin 1919, « ne répondaient qu’imparfaitement aux besoins profonds des peuples et des gouvernements » (Duroselle). Dès le lendemain de leur signature, on s’attendait à de nouveaux conflits. La « der des ders » fut une obsession des années 1920 et 1930. Après 1945, l’Europe et le monde durent affronter quatre décennies de guerre froide, mais Jean Monnet, de Gaulle et Adenauer jetèrent les bases de ce « couple franco-allemand » qui agace tellement les Britanniques. L’Europe se compte aujourd’hui à vingt-cinq. Quoi qu’on dise de l’Organisation des Nations unies (ONU), elle joue un beaucoup plus grand rôle que la Société des nations (SDN).
En Extrême-Orient, grâce notamment à MacArthur mais aussi à l’article IX – « la clause de non-guerre » – qu’il fit introduire dans la Constitution démocratique japonaise, « l’occupation américaine devait se révéler… la plus belle réussite de la politique asiatique des États-Unis dans les années d’après-guerre » (Edwin Reischauer).

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