Kofi Annan répond à MSF

Publié le 29 août 2005 Lecture : 2 minutes.

L’aide alimentaire au Niger est-elle bien répartie ? Non, estime Médecins sans frontières (MSF). « Les distributions de nourriture ne portent pas secours en priorité à ceux qui en ont le plus besoin pour survivre : les enfants de moins de 5 ans dans les zones les plus touchées », constate l’ONG, présente dans le pays. « Dans les trois départements de Maradi, seulement 10 % de la population reçoit des vivres alors que dans les régions stabilisées, 90 % de la population profite de l’aide », précise Thierry Allafort du Verger, responsable des urgences pour MSF. Quant au président de l’ONG, Jean-Hervé Bradol, interviewé par le quotidien français Le Monde, il met en accusation « l’ONU, qui persiste dans l’erreur » en évaluant la vulnérabilité des populations en fonction de la production agricole. Or la situation nutritionnelle obéit à d’autres paramètres, comme l’organisation de la filière céréalière, les systèmes de vente et, en dernier ressort, l’accès à l’aide pour les plus démunis.

Ces attaques en règle interviennent au moment même où le secrétaire général de l’ONU effectuait une visite de deux jours au Niger « pour voir ce qui se passe et ce qu’on peut faire tous ensemble ». Arrivé le 23 août à Zinder, Kofi Annan a visité l’hôpital de la ville, le centre de « renutrition » de MSF, avant de se rendre dans le village de Madara. « J’ai vu des enfants décharnés, entre la vie et la mort », a-t-il déclaré, tout en se refusant à tout commentaire sur les critiques émises par MSF. Le lendemain, à Niamey, après un entretien avec le président Mamadou Tandja, il s’est en revanche montré plus bavard. « Ce débat est regrettable. Nous aurons le temps après la crise de discuter de qui a fait quoi », a-t-il tranché, après avoir demandé une accélération de l’aide internationale pour éviter une aggravation de la crise alors que les premières récoltes sont seulement attendues pour la fin septembre. Les Nations unies ont lancé un appel aux dons de 80 millions de dollars, mais seulement la moitié de cette somme a été réunie. Plus de 2,5 millions de personnes sont menacées, dont 32 000 enfants en « danger de mort ».

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La polémique lancée par MSF contribuera-t-elle à réveiller la conscience internationale ? Ou ne risque-t-elle pas plutôt de brouiller le message ? Les prochaines semaines le diront, mais cette catastrophe humanitaire doit, de toute manière, inciter chacun à s’interroger sur la pertinence des « systèmes d’alerte précoce » mis en place au Sahel. Car au Niger, cela n’a pas fonctionné.

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