[Édito] Lueurs d’espoir en RDC

Sur les rives du fleuve Congo, les bonnes nouvelles sont trop rares pour bouder son plaisir lorsque l’une d’elles pointe le bout du nez. Réjouissons-nous donc – avec la réserve et la modération requises.

Un électeur attend pour voter, le 30 novembre 2011, pour la présidentielle en RDC (archives). © JEROME DELAY/AP/SIPA

Un électeur attend pour voter, le 30 novembre 2011, pour la présidentielle en RDC (archives). © JEROME DELAY/AP/SIPA

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  • Pierre Boisselet

    Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il écrit plus particulièrement sur l’Afrique du Sud, la RD Congo et le Rwanda. Anglophone, il s’intéresse aussi aux relations entre les États-Unis et l’Afrique, aux nouveaux « mouvements citoyens » du continent ainsi qu’à la Francophonie.

Publié le 13 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Un électeur attend pour voter, le 30 novembre 2011, pour la présidentielle en RDC (archives). © JEROME DELAY/AP/SIPA
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RDC : grandeur nature

Les candidats à la présidentielle sont désormais connus. Quelle que soit l’issue du scrutin, prévu en décembre, les défis politiques, économiques et sociaux à relever sont aussi immenses que le sont le pays, ses démons et ses atouts.

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En désignant, le 8 août, son ancien vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, pour lui succéder et être le candidat de la majorité, le président congolais, Joseph Kabila, laisse entrevoir un scénario inédit dans l’histoire de ce vaste pays regorgeant de richesses, mais où le pouvoir ne s’est jamais pris que par la force : celui d’un transfert pacifique des responsabilités de chef de l’État à l’issue d’une présidentielle.

Le vote, prévu le 23 décembre, pourrait en outre permettre enfin au pays de sortir des incertitudes juridiques et constitutionnelles qui paralysent sa vie politique et handicapent son économie depuis 2016, date à laquelle Joseph Kabila devait, en principe, quitter son fauteuil au terme d’un ultime mandat.

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Spirale de contestations

Bien sûr, la RD Congo est encore loin de la concrétisation d’un tel script. L’acharnement contre l’opposant et homme d’affaires Moïse Katumbi, exclu de fait de ce scrutin car empêché de rentrer dans le pays pour se présenter, fait déjà douter de la volonté d’organiser une élection véritablement libre et transparente. Les autres prétendants issus de l’opposition vont également devoir patienter jusqu’au 19 septembre pour être certains que leurs dossiers respectifs ne seront pas rejetés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui doit publier la liste définitive des candidats à cette date.

La volonté inébranlable de cette même Ceni d’utiliser des « machines à voter » électroniques à la fiabilité et à l’efficacité très incertaines, laisse par ailleurs imaginer une spirale de contestations lors de l’annonce des résultats. À quelle date le scrutin aura-t-il finalement lieu ? Là aussi, le respect du calendrier reste sujet à caution.

La crédibilité du vote en jeu

On peut enfin s’interroger sur la marge de manœuvre réelle dont disposerait Ramazani Shadary, défenseur zélé de son mentor, Joseph Kabila, s’il venait à être élu. Aurait-il la latitude nécessaire pour ouvrir une nouvelle ère dans la politique congolaise ?

L’opposition, qui veut naturellement éviter pareille issue, va pour cela devoir se surpasser et réaliser ce qu’elle n’est jamais parvenue à faire : s’unir derrière un candidat commun. Mais cela ne suffira pas.

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La classe politique dans son ensemble ainsi que la société civile vont devoir se battre pour que ce vote soit crédible et accepté par tous. La tâche est immense. Afin que le 23 décembre puisse enfin être une fête, plutôt que le début d’un nouveau cycle de drames.

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