Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 6 minutes.

Glucksmann face à Saddam
– Cette déclaration du philosophe André Glucksmann, relevée dans J.A. n° 2202 du 23 mars 2003 : « Je ne pourrais pas me regarder dans la glace si je ne faisais rien pour empêcher que Saddam Hussein reste au pouvoir jusqu’à sa mort. » Trois ans après, force est de reconnaître que notre grand penseur a été bien servi. Il n’a pas eu besoin d’attendre le décès souhaité de Saddam Hussein pour le voir privé du pouvoir en Irak. Un départ qui devait assurer des décennies, sinon des siècles de prospérité aux Irakiens et à leur pays, selon Glucksmann et ses amis. Devenu aujourd’hui étonnamment aphone sur le sujet, au regard de la situation en Irak, il nous plairait pourtant de savoir si notre philosophe peut désormais se regarder dans la glace.
Ona Ndong R., Libreville, Gabon

Immigrés esclaves
– Au moment où l’abolition de l’esclavage a été solennellement commémorée, on ne saurait passer sous silence le projet de loi d’immigration sélective prôné par Nicolas Sarkozy. Cette conception de l’immigration est, à n’en point douter, l’expression d’un esclavage des temps modernes. Les Noirs, dans un premier temps, étaient sollicités pour leur force, leur robustesse, bref, pour leurs capacités physiques intrinsèques. Après les luttes nationalistes sanglantes, les Noirs réussirent à s’émanciper et à élever la dimension intellectuelle de leur personne. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui Sarkozy décide de ne choisir que ceux dont le mérite relève de l’intellect. On peut d’ores et déjà présager un avenir sombre dans les rapports séculaires que l’Afrique entretient avec la France si jamais Sarkozy est élu à la présidence.
Yves Melongo, Yaoundé, Cameroun

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Wade mérite le prix Houphouët
– Cheikh Anta Diop avait vraiment raison de dire que « l’Africain est paresseux et locace ». Voilà que le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, vient de recevoir le prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de l’Unesco (voir J.A. n° 2367). Certains opposants n’ont pas trouvé mieux que de briller par leur loquacité contestataire. « Wade ne mérite pas ce prix », disent-ils. À ceux-là je dis : « Il ne faut jamais oublier que ce sont des professionnels qui ont construit le Titanic et des amateurs l’Arche de Noé. » Pensez à ceux qui tentent de construire une paix et une unité durable en Afrique.
Gaston Diedhiou, Dakar, Sénégal

J’accuse !
– Après la désignation des pays membres du nouveau Conseil onusien des droits de l’homme qui remplace la Commission des droits de l’homme (voir J.A. n° 2366, p. 12), je m’interroge : en quoi cela résoudra-t-il les violations des droits de l’homme et du citoyen ? Comment peut-on faire respecter ces droits si ceux-ci sont bafoués tous les jours par des pays eux-mêmes membres de cette institution des Nations unies ? J’accuse la communauté internationale d’être partiale et de ne pas vouloir régler sérieusement cette question. Cette nouvelle institution doit d’abord adopter des résolutions claires suivies, le cas échéant, de sanctions, et ce indépendamment de considérations ou d’intérêts quelconques – comme c’est le cas depuis toujours.
Lionel Armand Obiang Ayemfeghe, Dakar, Sénégal

Un campus modèle pour Kadhafi
– Je suis littéralement tombé sous le charme de Louvain-la-Neuve, une ville belge pas comme les autres. L’université catholique de Louvain (UCL) peut être fière de son campus universitaire : études multidisciplinaires pointues, enseignants de haut niveau, recherches scientifiques sérieuses, étudiants chevronnés. Ce campus est une véritable ville dans la ville avec ses rues piétonnes spacieuses, ses magasins, son complexe commercial, son cinéma multiplex, son bureau de poste, ses banques, ses places où trônent des uvres d’art moderne et même son lac artificiel le tout dans un cadre verdoyant. Dans ce temple de la tolérance, les étudiants venus d’horizons divers bénéficient de conditions idéales. En tant qu’Arabe et Africain, je rêve de proposer au « Guide » Kadhafi de fonder chez lui un campus panafricain de ce type, qui serait La Mecque du savoir pour nos plus brillants enfants. Je crois dur comme fer que ce projet est réalisable.
Dr Samir Doghri, El Mourouj, Tunisie

Des Marocains et des partis
– Je souhaiterais réagir à votre article sur la nullité de nos politiciens ?(J.A. n° 2365). De 1956 à 1980, les Marocains ne comprenaient rien à la politique ou à la gestion du pays, à l’exception des quelque 2 000 personnes qui « géraient » le pays. Aujourd’hui, Tous les marocains comprennent la politique, hormis 2 000 personnes, et ce sont celles-là mêmes qui sont aux commandes.
Dr Abdellah Mouline, Rabat, Maroc

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Islam isme
– Vu le monde dans lequel nous vivons, celui où tous les «-ismes » péjoratifs (intégrismes, terrorisme,) se voient, injustement, rattachés à l’islam, je trouve vraiment imprudent l’« Arrêt sur image » en page 7 du J.A. n° 2366. Comment pouvez-vous parler de charia (quoique suivie de la mention « version locale ») pour une pratique qui n’est pas reconnue en Islam ? Ne pouviez-vous pas écrire « juridiction locale » ? Cette maladresse s’ajoute à celle de la photo d’une femme flagellée en place publique (section « Focus » du même numéro) en avril 2006. C’est ainsi que l’on déforme et salit cette noble religion.
Abdou Wahabou, Guinée

Thuram contre l’esclavage
– J’ai été étonnée, il y a quelque temps, par la diatribe de Lilian Thuram contre l’esclavage français, lui qui chantait à pleine voix et avec tant de foi la Marseillaise à chaque victoire. L’esclavage a toujours existé dans toute l’Afrique. Des esclaves, il y en a eu de tout temps, et de toutes les couleurs. La civilisation pharaonique s’est même fondée dessus. Toussaint-Louverture possédait des esclaves. La France fait les frais de cette hypocrisie.
Mme Pitault-Millet, La Teste, France

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À Haïti, l’espoir renaît avec Préval
– Après une conjoncture particulièrement pénible, où tous les démons de Haïti se sont réveillés, René Préval est de retour au Palais national. Principale mission : redonner de l’espoir, après vingt ans d’une période sanglante et d’incertitude désespérante. La capricieuse communauté internationale acceptera-t-elle de faire équipe avec Préval ? Comment calmer, sans le réprimer, un peuple légitimement impatient ? Parviendrons-nous, enfin, en cette ère nouvelle de l’histoire haïtienne, à réaliser le projet démocratique ?
Gilbert Mervilus, Port-au-Prince, Haïti

Du lepénisme au sarkozysme
– Si certains « n’aiment pas la France, qu’ils ne se gênent pas pour la quitter », clame Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur d’origine hongroise, qui, dans son obsession de capter l’électorat d’extrême droite, préfère emprunter les slogans douteux et xénophobes qui ont fait la triste gloire de Jean-Marie Le Pen (Front national) et de Philippe de Villiers (Mouvement pour la France). Chassant effrontément sur les terres de l’ultradroite xénophobe et raciste, « Sarko » fait sienne l’idée que les miséreux d’Afrique et d’ailleurs ne doivent plus venir dans son paradis français. Cela afin de mieux accueillir les cerveaux et les gens fortunés issus de ces mêmes régions.
Régis Hounpke, France

Ghannouchi à Paris, une première ?
– Dans votre n° 2365 du 7 au 13 mai, il est écrit que la visite de Mohamed Ghannouchi en France est la première effectuée par un Premier ministre tunisien depuis l’indépendance. Je vous rappelle que Hédi Nouira avait effectué en 1978 une visite officielle à l’invitation de son homologue de l’époque, Raymond Barre. Hédi Nouira était accompagné d’une importante délégation ministérielle. Et je ne cite pas les visites qu’ont effectuées d’autres Premiers ministres, comme Mohamed Mzali. L’excellence des relations entre Paris et Tunis est le fruit d’efforts qui ne se sont jamais relâchés depuis l’indépendance.
Samy Mabrouk, Paris, France

Réponse :
C’est sur la foi du « point presse conjoint du Premier ministre français et de son homologue tunisien », fait le 3 mai à Matignon, que nous avons indiqué, sans vérifier, qu’il s’agissait de « la première visite officielle en France d’un Premier ministre tunisien ». Mais ce n’est pas une raison pour ne pas reconnaître qu’il s’agit d’une erreur. Et de nous excuser auprès de vous et des autres lecteurs. En effet, plusieurs Premiers ministres tunisiens – de Bourguiba à Ben Ali – avaient effectué des visites de travail à Paris. Outre celles de Hédi Nouira et Mohamed Mzali, on peut citer également Rachid Sfar et Hédi Baccouche. S.G.

Rectificatif
– Jean-Marie Akpwabot, dont nous avons publié une lettre dans le n° 2367 (« Pauvre Afrique », page 109), est résident en Côte d’Ivoire et non ressortissant de ce pays, comme nous l’avons malencontreusement écrit. Qu’il veuille bien accepter nos excuses pour cette erreur.

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