Vers un British Council à la française

Avec la transformation de l’Afaa en Culturesfrance, Paris entame la restructuration – tant attendue – de ses services culturels à l’étranger.

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Depuis des lustres, on s’était résigné au « resserrement » de l’action internationale de la France dans le domaine de la culture. Les moyens financiers en baisse, les gels budgétaires, les établissements fermés et les « postes rendus » par les gestionnaires faisaient douter de l’attachement du gouvernement à son réseau de coopération et d’action culturelle, en dépit des hommages réitérés que valaient à ce dernier sa « richesse », sa compétence et le dévouement de ses membres
Le 15 mai dernier, dans une conférence de presse solennelle, Philippe Douste-Blazy, le ministre des Affaires étrangères, a tenté d’inverser la tendance en imposant l’idée d’un « souffle nouveau ». Bienvenue au nouvel agent du « rayonnement français » qui porte un nom en forme de mot-valise, propre à désarçonner les correcteurs d’orthographe : Culturesfrance. Cette agence sera issue de la fusion de l’Association française d’action artistique (l’Afaa, qui avait déjà absorbé en 2000 l’association Afrique en créations), organisatrice notamment des fameuses « Années » (de la Chine, en 2004, du Brésil, en 2005, etc.), et de l’Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF), chargée d’éditer et de diffuser sur toute l’étendue du réseau culturel français livres, films et revues.
En fédérant des moyens jusqu’ici dispersés sous l’égide de l’aile la plus dynamique de son dispositif, le ministre veut donner « à notre politique culturelle à l’étranger un label, une signature, une marque de fabrique » propres à séduire les « sponsors », à l’instar du beau visage de l’actrice Fanny Ardant, marraine de la réforme. Et Philippe Douste-Blazy semble bien décidé à ne pas s’arrêter en si bon chemin : Culturesfrance ne constituerait qu’une première étape de la restructuration de l’ensemble des services culturels à l’étranger, sur la voie de « la création de la grande Agence d’action culturelle internationale souhaitée par le président de la République en 2002 ».
La même logique de regroupement est d’ailleurs mise au service d’autres réformes participant du même mouvement, tant dans le domaine universitaire (un opérateur unifié, « Campus France », augmentera l’attractivité des établissements français d’enseignement supérieur), qu’avec un « plan de relance du français » impliquant la construction de lycées français à l’étranger (à Munich, à Londres, à Tokyo, au Caire, en Inde et au Maroc), ou encore par la création d’une « Alliance pour le développement » associant le ministère des Affaires étrangères et l’Agence française de développement (AFD) aux groupes Sanofi Aventis (pharmacie) et Veolia environnement (eau, assainissement) pour mener des actions de solidarité à l’étranger. Il y a bien longtemps que les défenseurs de la scène française dans le monde n’avaient reçu un tel cadeau, même si la création de Culturesfrance ne fait encore figure que de premier acompte…

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