[Chronique] Mali : le coup d’après

En ce « jour d’après », les électeurs maliens attendent le bilan chiffré du deuxième tour de l’élection présidentielle. Mais certains pensent déjà à la suite.

 © Damien Glez pour JA

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Publié le 13 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Sans doute l’inventaire de cette élection  nourrira-t-il tout à la fois les partisans du verre à moitié plein et ceux du verre à moitié vide. Organiser un scrutin national sous une menace jihadiste avérée était une gageure que les bienveillants jugeront peu ou prou relevée. Les violences locales et la forte abstention ne manqueront pas, elles, d’alimenter les discours des perfectionnistes.

Aux observateurs de terrain et aux institutions suprêmes de trancher sur la conformité du processus, à l’issue des ultimes dépouillements et compilations. Probablement tout cela finira-t-il par le sentiment d’être « déçu en bien », comme le disent les Suisses romands…

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En ce jour d’après, celui de l’arithmétique, bien des acteurs de la scène malienne – des citoyens aux candidats -, pensent déjà au coup d’après. Nombreux sont les électeurs désabusés qui soulignent que, scrutin fiable ou pas, il ne sortira aucune alternance générationnelle de ce deuxième second tour Ibrahim Boubakar Keïta vs Soumaïla Cissé.

>>> A LIRE – Présidentielle au Mali : les abstentionnistes, entre lassitude et déception

Les politiciens, eux, sont des joueurs d’échecs qui savent à quel point il faut songer à ce « coup suivant » qui solde avantageusement une stratégie. Les deux présidentiables, nourris de tendances chiffrées et d’indiscrétions multiples, réfléchissent certainement à la manière d’appréhender les résultats, de les apprécier publiquement et de se positionner pour la suite. Une suite qui ne manque pas de défis, notamment la relance de l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion.

Pendant que les spécialistes commentent, les acteurs mettent déjà le cap sur les prochains combats

Les dépités du premier tour, chacun son score sous le bras, se demandent comment exister demain, ce qui suppose qu’ils aient déterminé l’issue électorale qui serait la moins mauvaise pour eux, à défaut d’être la meilleure pour le Mali. Si Aliou Diallo, troisième du premier tour, et Cheick Modibo Diarra, quatrième, n’ont pas donné de consignes de votes, c’est pour des raisons différentes qui ont tout de même en commun de pouvoir être appréciées sous le prisme de la carrière personnelle.

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Pour l’un, affirmer son indépendance vis-à-vis d’ultimes candidat départagés dans un contexte dénoncé comme « frauduleux», c’est conserver une marge de manœuvre dans les opérations économiques et dans le parcours politique toujours jeune de celui qui n’est pas encore sexagénaire. Pour l’autre, brandir l’argutie des « bonnet blanc et blanc bonnet », c’est se garder d’insulter l’avenir proche.

Pendant que les spécialistes commentent en boucle les enseignements d’un dimanche, les acteurs mettent déjà le cap sur les prochains combats.

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