Stars en puissance

Peu connus, voire méconnus, ces quatre-là affichent un palmarès déjà prestigieux. La compétition internationale pourrait révéler leurs talents.

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 6 minutes.

Abib Kolo Touré
L’orgueil des Gunners
– Né le 19 mars 1981 à Abidjan, 1,78 m, 74 kg
– International depuis 2002
– Clubs successifs : Asec Mimosas Abidjan (CIV), Arsenal FC (Angleterre)
– Vainqueur de la Supercoupe d’Afrique (1999), champion d’Angleterre en 2004, vainqueur du Charity Shield en 2004, vainqueur de la Cup en 2005, vice-champion d’Europe en 2006
Formé dans la désormais célèbre Académie de Jean-Marc Guillou à Abidjan, Kolo Touré s’est imposé à Arsenal, récent finaliste de la Ligue des champions. Il fait partie du cercle restreint des meilleurs défenseurs du monde. Remarqué très jeune pour ses qualités de puissance et de détermination, Abib apprend, cinq ans durant, les leçons du coach à Sol Béni. Le 7 février 1999, il est lancé, ainsi que tous ses camarades de promotion, dans la Supercoupe d’Afrique que les Académiciens, sous le maillot de l’Asec, remportent haut la main face à l’Espérance sportive de Tunis. Kolo est associé au centre de la défense à Didier Zokora « Maestro ». Le tandem est dissocié en mai 2000 lorsque Maestro est recruté par le RC Genk belge.
Kolo est titulaire à l’Asec. Il rêve de jouer à Arsenal, mais de récurrentes crises de paludisme l’éloignent des terrains. Rétabli, il effectue des essais à Strasbourg et à Bastia avant d’être engagé par Arsène Wenger et Arsenal. Sa polyvalence et sa combativité sont étonnantes. Il trouve son poste d’arrière central aux côtés de l’Anglais Sol Campbell. La saison 2003-2004 consacre la charnière défensive des Gunners (canonniers). Arsenal est champion en n’encaissant que 26 buts en 38 rencontres. Les Éléphants de Côte d’Ivoire le récupèrent, mais les sélectionneurs successifs s’entêtent à ne pas reconstituer le tandem Kolo-Maestro. Kolo est contraint de porter à bout de bras la défense ivoirienne et doit se multiplier pour pallier les insuffisances des partenaires qu’on lui impose.
À Arsenal, il a toute la confiance de Wenger, qui lui adjoint les Suisses Philippe Senderos ou Johan Djourou (Ivoirien de naissance). Kolo confirme des aptitudes athlétiques au-dessus de la moyenne et joue les yeux fermés avec son complice académicien, Emmanuel Éboué. En Ligue des champions 2005-2006, la défense d’Arsenal n’a pas encaissé de but pendant 919 minutes ! L’Ivoirien fut aussi le défenseur numéro un de la CAN en Égypte. Un briseur d’attaque dont le souci est de récupérer proprement le ballon. Ni brute ni méchant. Un bon tout simplement.

Gneri Yaya Touré
Le « phare » des Éléphants
– Né le 13 mai 1983 à Bouaké, 1,89 m, 79 kg
– International depuis 2005
– Clubs successifs : KSK Beveren (Belgique), FC Metalurg Donetsk (Ukraine), Olympiakos Le Pirée (Grèce)
– Champion de Grèce en 2005-2006
Difficile de se faire un prénom. Yaya Touré y est pourtant parvenu en l’espace d’une saison. Lui aussi a fait ses classes, de 1996 à 2001, sous la houlette de Jean-Marc Guillou à Sol Béni. Il a fait partie de la promotion Armando, celle d’Artur Boka, Salomon Kalou et Emmanuel Eboué. Il n’a pas porté le maillot jaune de l’Asec mais a rejoint Guillou au KSK Beveren en juin 2001. En Belgique, il s’impose rapidement comme un titulaire indiscutable et boucle 70 matchs en deux saisons et demie. Il dispute en janvier 2003 le championnat d’Afrique pour les juniors au Burkina Faso. Pour ses admirateurs, c’est un surdoué du ballon dont la postérité retiendra l’élégance, l’efficacité et, plus tard, le palmarès. Pour les autres, il s’agit d’un footballeur aux qualités s’élevant, certes, au-dessus de la moyenne, mais qui ne cherche pas à repousser ses limites, ne serait-ce que pour n’être pas trahi par elles.
« Yaya, affirme son frère Kolo, est bien plus fort que moi. » Un avis que partagent, outre Guillou, de nombreux techniciens. Elégant et racé, utilisant à merveille un répertoire technique « appris et maîtrisé sur le bout des orteils à l’Académie », le cadet des Touré a l’étoffe d’un parfait régulateur et d’un stabilisateur. Il sera ce que le grand Toninho Cerezo fut au Brésil dans les années 1980 et ce qu’est aujourd’hui Claude Makélélé à l’équipe de France. Posté devant les défenseurs, il agit comme un libero du milieu de terrain, récupérant avec aisance le ballon, relançant en souplesse, proprement, offrant une solution de soutien à ses attaquants. Un vrai relayeur polyvalent qui ne fait pas les choses à demi.
A l’été 2003, il est embauché pour 2,1 millions d’euros par le Metalurg Donetsk. Il y est rejoint par un autre Académicien, Arsène Né. En Ukraine, l’adaptation au climat est difficile. Yaya ne dispute que 33 matchs en deux saisons. A l’été 2005, il décide de prendre un nouvel envol. Olympiakos Le Pirée devance Arsenal et le recrute pour 1,2 million d’euros, pour le grand bonheur du coach norvégien Trond Sollied qui le suivait depuis sa période belge. Le cadet des Touré s’impose avec aisance dans l’entrejeu grec et réalise des prestations extraordinaires en Ligue des champions face à l’Olympique de Lyon et au Real Madrid. Il est sur les tablettes des recruteurs des deux clubs. Henri Michel, qui dirige depuis avril 2004 les Eléphants, ne « découvre » Yaya que tardivement. Il ne le sélectionne qu’en septembre 2005 et ne l’aligne à plein temps qu’à l’occasion de la CAN 2006 en Egypte. Depuis, l’équipe ivoirienne ne peut plus se passer de ce demi-relayeur et polyvalent qui ne fait pas les choses à moitié. Reste à l’associer à d’autres hommes de milieu qui, balle au pied, parlent le même langage que lui. Michel ne s’y décide pas. Dommage.

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David Jemmali
La force tranquille
– Né le 13 décembre 1974 à Toulouse, 1,86 m, 79 kg
– Première sélection : 1er mars 2006
– Clubs successifs : Toulouse Fontaines, AS Cannes, Girondins de Bordeaux
– Champion de France avec Bordeaux en 1999, vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2002
David Jemmali est un enfant de Toulouse, de père tunisien. Il fait ses premiers pas de footballeur à Toulouse Fontaines, dans l’ombre du Téfécé. Les scouts de l’AS Cannes le repèrent et il est engagé. Replacé au poste d’arrière droit, il débute en division 1 le 31 mars 1995 à Furiani, face à Bastia. Il s’impose définitivement la saison suivante et son club parvient à éviter la relégation. Son gabarit autant que sa hargne et sa technique de droitier impressionnent et lui valent d’être recruté par Bordeaux en 1997. En dépit de la concurrence de François Grenet et de quelques ennuis physiques, Jemmali prend ses marques. Il fait partie de l’équipe qui rafle en 1999 le titre de champion de France au nez et à la barbe de l’Olympique de Marseille. En 2002, il remporte la Coupe de la Ligue. Henri Michel, alors entraîneur de la Tunisie, le sollicite pour participer à la campagne de la Coupe du monde Corée/Japon. Jemmali, qui jouit de la double nationalité, décline l’invitation. Il avait déjà répondu par la négative, en 1998, à Henry Kasperczak qui souhaitait l’enrôler pour le Mondial français. Le 23 février 2006, l’actuel coach de la Tunisie Roger Lemerre se hasarde à le convoquer pour le match amical Tunisie – Serbie-Monténégro. Cette fois-ci, Jemmali répond présent. Et il fait ses débuts internationaux le 1er mars. À 32 ans. Son expérience et son professionnalisme seront fort utiles en Allemagne, pour une équipe qui a libéré le préretraité d’origine brésilienne, José Clayton.

Aruna Dindane
– Né le 26 novembre 1980 à Abidjan, 1,73 m, 72 kg
– Clubs successifs : Inconditionnel d’Adjamé, Asec Mimosas d’Abidjan, Royal Sporting Club d’Anderlecht, Racing Club de Lens
– Vainqueur de la Supercoupe d’Afrique en 1999, champion de Belgique en 2001 et 2004
– International depuis 2003
Aruna est sorti de l’anonymat le 7 février 1999, lorsqu’à l’occasion de la Supercoupe d’Afrique il donna le tournis aux défenseurs tunisiens Khaled Badra et Radhi Jaïdi. Quinze mois plus tard, il prend le chemin de Bruxelles, où il rejoint le club huppé d’Anderlecht. Lui qui rêvait d’aller à Bercelone. Il est champion de Belgique 2001. En 2003, il reçoit le Soulier d’Ebène qui récompense le meilleur joueur africain du championnat belge. La saison suivante, il est élu Meilleur joueur de l’année par ses pairs. L’hebdomadaire Football Magazine le surnomme « ArunArt ».
Il manifeste son envie de changer de club, mais se heurte au refus d’Anderlecht, qui ne le libère qu’en juin 2005. C’est le Racing Club de Lens qui l’embauche alors que Marseille était sur les rangs. Aruna s’ouvre grand les portes de la sélection. Dès 2003, son association avec Didier Drogba fait merveille. Lui déblaie le terrain et « efface » les adversaires, et Didier « plante » : 16 buts à eux deux. Dindane est le seul avec Kolo Touré à avoir disputé les dix matchs qui ont assuré aux Eléphants le billet pour la Coupe du monde. Il a toutefois raté la CAN 2006 en raison d’une blessure puis d’un deuil familial. En Allemagne, les dribbles et les feintes d4arunArt raviront les spectateurs.

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