À quand un Noir à l’Élysée ?

Comment être « black » dans la France d’aujourd’hui ? Serge Bilé apporte des éléments de réponse à partir de son propre parcours.

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Il est né en même temps que la Côte d’Ivoire indépendante, en 1960. Une enfance paisible dans la petite bourgeoisie abidjanaise. Un père célèbre, l’un des premiers journalistes vedettes de la télévision ivoirienne. Un père qui, un beau jour, décide d’envoyer ses enfants suivre leur scolarité en France. C’est ainsi qu’à l’âge de 13 ans Serge Bilé quitte Abidjan pour Poitiers, où il sera accueilli par une famille française. Élève brillant puis étudiant ambitieux, il deviendra le journaliste que l’on connaît, d’abord en France métropolitaine dans différentes rédactions de la troisième chaîne nationale, puis en Guyane et en Martinique où il présente depuis quelques années le journal télévisé de 20 heures sur RFO.
Un périple entre la « Françafrique », l’« Africafrance » et les Caraïbes, qui n’est finalement qu’un alibi dans un ouvrage plus proche de l’essai que de l’autobiographie. Premier chapitre : la Côte d’Ivoire. Celle qu’il a quittée enfant dans les années 1970 est bien loin de celle qu’il retrouvera vingt ans plus tard. En effet, en 1992, l’ancien journaliste à France 3 est de passage à Abidjan. Il est arrêté et jeté dans les geôles de la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) pour avoir contesté l’emprisonnement de plusieurs opposants politiques, parmi lesquels un certain Laurent Gbagbo et son épouse
« Cette mésaventure était un moyen pour moi de montrer qu’on pouvait ne pas avoir de problèmes en France et en trouver dans son propre pays », souligne l’auteur. Car le fameux « racisme français anti-Noir », Serge Bilé y a très rarement été confronté, mis à part quelques directeurs de rédaction peu scrupuleux. Il ne se fait aucune illusion pour autant, conscient de n’être qu’un rescapé. Mais plutôt que de s’en indigner, il préfère mettre toutes les parties face à leurs responsabilités et les inviter à prendre leur destin en main. Car il le dit et le répète : ce qui est octroyé n’a pas la même saveur que ce qui est pris. À ce sujet, Serge Bilé ne cache pas son optimisme et suit attentivement le renouveau de la conscience communautaire noire, fortement ravivée par les polémiques sur la commémoration de l’abolition de l’esclavage.
Dans la lignée de ses deux précédents ouvrages, Noirs dans les camps nazis et La Légende du sexe surdimensionné des Noirs, parus aux éditions du Serpent à plumes, Sur le dos des hippopotames est marqué de l’empreinte du journaliste qui interroge sans concession, dénonce sans militantisme et informe sans parti pris. Ce livre à peine publié, son auteur prépare déjà des ouvrages sur deux sujets qui lui sont chers : l’histoire toujours, avec un essai sur les grands empires africains au Moyen-Âge, et pour la première fois une fiction mettant en scène le premier président noir de la République française.

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