Ouvrez les vannes !

Règlement définitif du contentieux avec la compagnie australienne Woodside : l’aventure pétrolière peut commencer.

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

A la présidence de la République, au ministère de l’Énergie et du Pétrole et, surtout, à la direction générale de la toute jeune Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH), personne, en ce mardi 23 mai, ne cherche à cacher son soulagement. À l’issue de deux mois de tractations aussi discrètes que laborieuses, les Mauritaniens viennent en effet d’obtenir – de « haute lutte », précise-t-on à Nouakchott -, que leurs relations avec le consortium de firmes étrangères qui exploite leur pétrole s’inscrivent à l’avenir dans un nouveau cadre juridique.
« Tout est bouclé. Quatre nouveaux accords de production sont déjà figés et n’attendent plus que la signature imminente des parties concernées », confirme un haut responsable mauritanien qui se félicite de « l’équilibre » et du caractère « mutuellement avantageux » des nouveaux textes. « Nous revenons de loin », ajoute-t-il, pour expliquer l’euphorie qui règne à Nouakchott.
Il y a six mois, les autorités mauritaniennes avaient en effet spectaculairement dénoncé quatre avenants aux contrats de production qui les liaient à la compagnie australienne Wooside Petroleum, chef de file du consortium. Selon elles, ces modifications, introduites à l’époque de Maaouiya Ould Taya (l’ancien chef de l’État renversé le 3 août 2005), étaient « frauduleuses » et « spoliaient » le pays en réduisant sa part des revenus pétroliers et en allégeant les taxes versées par la firme australienne. Ministre du Pétrole du président déchu et, à ce titre, signataire des avenants controversés, Zeidane Ould Hmeida avait été arrêté à la fin du mois de décembre 2005 et inculpé, le 16 janvier suivant, de « crimes économiques ».
Dans un premier temps, Woodside choisit de faire la sourde oreille, ce qui fait craindre le pire : soumis à l’arbitrage de la Chambre de commerce international de Paris, le contentieux risque de compromettre la future « aventure pétrolière » mauritanienne. Les premiers barils sont extraits le 24 février du puits de Chinguetti, à 65 km au large de Nouakchott. Mais l’entrée de la Mauritanie dans le cartel des pays exportateurs est remise à plus tard. Nouveau chef de l’État, le colonel Ely Ould Mohamed Vall entreprend alors de mobiliser toute la classe politique derrière son gouvernement. Avec succès. Les Mauritaniens tiennent bon et, finalement, Woodside cède.
Le 25 mars, à Dubaï, Don Voelte, son PDG, signe avec Aboubakr Maroini, le patron de la SMH, un protocole d’accord mettant fin au conflit. Grâce à la médiation de Cheikh Abdallah Al Thani, le PDG du groupe émirati Al Thani Investment, impliqué lui aussi dans l’exploration pétrolière en Mauritanie. Les avenants sont suspendus et les clauses plus spécialement dénoncées par Nouakchott, abrogées. Mieux : Woodside s’engage à verser à la partie mauritanienne un bonus de 100 millions de dollars. En échange de quoi ? « De la régularisation des périodes d’exploration, que l’annulation des avenants aurait pu rendre caduques », répond Maroini. La firme australienne accepte par ailleurs de débloquer une enveloppe de 1 million de dollars, qui sera consacrée à la réparation des dommages que l’exploitation pétrolière risque de causer à l’environnement. Enfin, il est convenu que Woodside, dont la zone exclusive d’exploitation de Chinguetti a été sensiblement réduite, devra créer à Nouakchott un « centre opérationnel » destiné à renforcer sa collaboration avec les Mauritaniens, mais aussi, et surtout, à piloter un transfert de compétences et de technologies au bénéfice de ces derniers.
Restait à intégrer ces dispositions aux accords globaux qui serviront de référence unique aux deux parties. Ce à quoi, justement, les négociateurs viennent de procéder. Estimées dans un premier temps à 120 000 millions de barils, les réserves de Chinguetti seraient, en réalité, deux fois plus importantes. Le gisement produit déjà 75 000 barils de brut par jour. Et trois autres sont encore inexploités. Les recettes pétrolières avoisineront, cette année, 380 millions de dollars. Et le taux de croissance devrait culminer à 26,9 %. Un chiffre sans équivalent en Afrique.

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