Le sens de l’Histoire

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

L’Histoire confirme ce que disait John Fitzgerald Kennedy, la première année de sa présidence : « Nous devons accepter le fait que les États-Unis ne sont ni omnipotents ni omniscients – que nous ne représentons que 6 % de la population mondiale – que nous ne pouvons pas imposer notre volonté aux autres 94 % de l’humanité – que nous ne pouvons pas réparer toutes les injustices ni redresser tous les torts – et que, par conséquent, il ne peut pas y avoir une solution américaine à tous les problèmes du monde. »

L’Histoire est le meilleur antidote à l’illusion de l’omnipotence et de l’omniscience. Elle doit toujours nous rappeler les limites de nos perspectives passagères. Elle doit renforcer notre résistance à la tentation de convertir des intérêts momentanés en absolus moraux. Elle doit nous rappeler notre grande fragilité d’êtres humains et nous inciter à reconnaître le fait, si souvent et si tristement démontré, que l’avenir fera litière de toutes nos certitudes, et que les possibilités qu’offre l’Histoire sont beaucoup plus riches et plus variées que ce que l’esprit humain peut concevoir. Un pays qui a pris conscience des ironies de l’Histoire est, je crois, mieux équipé pour faire face aux tentations et à la tragédie du pouvoir. Puisque nous sommes condamnés, en tant que nation, à être une superpuissance, faisons en sorte qu’un sens toujours plus éclairé de l’Histoire tempère et civilise l’usage que nous faisons de ce pouvoir.
Parfois, quand je suis particulièrement déprimé, j’impute notre comportement à la stupidité de notre culture. Il y a trente ans, nous avons subi une défaite militaire, après avoir mené une guerre ingagnable contre un pays dont nous ne savions rien et où nos intérêts vitaux n’étaient pas en jeu. Le Vietnam est déjà un triste souvenir, mais renouveler la même expérience trente ans plus tard en Irak est un argument convaincant de stupidité nationale.

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Quoi qu’il en soit, laissons s’épanouir un millier de fleurs historiques. L’Histoire n’est jamais un livre refermé ni un verdict sans appel. Elle est toujours en devenir. Les historiens ne doivent pas oublier la quête des connaissances, si aléatoire et si pleine de problèmes qu’elle puisse être, dans l’intérêt d’une idéologie, d’un pays, d’une race, d’un sexe ou d’une cause. La grande force de la pratique de l’Histoire dans une société libre est sa capacité d’autocorrection.
C’est la fascination sans fin de l’écriture de l’Histoire : l’effort pour reconstruire ce qui s’est passé, une quête éclairée par ces prismes toujours renouvelés qui placent continuellement les vieilles questions sous une nouvelle lumière. Comme le disait le grand historien néerlandais Pieter Geyl : « L’Histoire est un débat sans fin. » Je crois que c’est la raison pour laquelle je l’aime tant.

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