Jaloul Ayed connaît la musique

Banquier émérite et compositeur prolifique, il mène tambour battant la diversification de la banque d’affaires marocaine.

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 3 minutes.

Une habileté de diplomate, une ambition régionale, une créativité débordante. Le président du directoire de BMCE Capital mène tambour battant la diversification de la première banque d’affaires de la région. Recruté en 1998 par Othman Benjelloun pour créer le pôle banque d’affaires du groupe BMCE, Jaloul Ayed monte la première salle des marchés au Maroc aux normes internationales. En huit ans d’exercice, BMCE Capital a lancé une quinzaine de filiales et ouvert la voie avec le premier fonds d’investissement immobilier, le premier fonds indiciel, la première filiale d’une banque marocaine en Afrique subsaharienne « Pour la cinquième année consécutive, le résultat brut d’exploitation dépasse le budget prévisionnel : 150 millions de dollars en 2005, contre 50 millions de dollars en 2004. » Signe de reconnaissance du travail accompli, Jaloul Ayed cumule les fonctions de président du comité de direction générale du groupe BMCE et d’administrateur-directeur général de BMCE Bank, en charge du corporate et des activités internationales.
Homme de conviction, ce Tunisien de 55 ans veut apporter sa pierre à la construction du Maghreb et à son intégration au sein du continent. Le président du groupe, Othman Benjelloun, qui nourrit l’ambition de multiplier les implantations au Maghreb et en Afrique francophone, lui en donne les moyens. Après BMCE Capital Sénégal, le groupe inaugurera, le 31 mai, sa filiale tunisienne, Axis Capital Tunis, avant d’ouvrir une antenne à Yaoundé, Libreville, Alger et Nouakchott. Un positionnement conforté par la création à Londres d’une banque d’affaires dédiée à la Méditerranée et à l’Afrique, Medi Capital Bank, au capital de 100 millions d’euros.
Titulaire d’un mastère en économie de l’université du Maryland (États-Unis), Jaloul Ayed entame, en 1980, une carrière à la Citibank. Il y restera dix-huit ans. Premier directeur général arabe et africain d’une filiale de la Citibank, chargé des activités offshore en Tunisie, en Algérie et en Libye, il obtient, en 1988, la première licence bancaire octroyée par le gouvernement tunisien à une institution financière étrangère. La même année, il est muté à Dubaï, au poste de country manager de la branche corporate pour les Emirats arabes unis. En 1990, le voilà pour cinq ans à la tête de la succursale au Maroc, cinq années qui lui « ont permis d’identifier le potentiel du marché financier local. Mais je n’avais pas les coudées franches », avoue-t-il. « Un vrai banquier international doit justifier d’une expérience dans un centre financier de premier ordre, explique-t-il. Citibank m’en a donné l’occasion en 1996, avec un poste de senior banker à Londres, responsable des financements structurés pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. »
De ce parcours, Jaloul Ayed hérite d’une solide réputation de meneur d’hommes : « Tout le monde reconnaît sa capacité à mobiliser les troupes et à dénicher de nouveaux talents, explique un ancien collaborateur qui l’a suivi à BMCE Capital. Il a une vocation de leader. La Citibank ne pouvait lui proposer que des seconds rôles »
Cette volonté farouche d’être toujours en première ligne trouve son origine dans une enfance vouée à l’effort. Né en 1951 dans les environs de Monastir (Tunisie), il fait ses premières classes chez les surs. Aîné d’une famille de sept enfants, il garde de sa prime jeunesse à Sousse, entre son père chef de gare et sa mère femme au foyer, un souvenir mitigé. De ce « père très conservateur », Jaloul Ayed apprend la rigueur, le sens du devoir et la douleur de la frustration. « Pour me punir de n’être pas premier de la classe, mon père m’a privé de mon piano. J’ai pleuré des jours entiers »
Jaloul a pris sa première leçon de solfège à l’âge de 10 ans. Plus qu’un exutoire, la musique est pour lui une source d’énergie. Sa passion se déploie lorsqu’il découvre, au milieu des années 1990, la composition électronique. Il partage ses moments de liberté entre sa famille – son épouse américaine et leurs trois enfants -, les parcours de golf et la création musicale. Mélomane averti, il travaille sur les synthétiseurs les plus sophistiqués et s’entoure de professionnels confirmés pour éditer ses partitions, arranger et orchestrer ses compositions. Deux de ses uvres, le concerto Touches de vie et la symphonie concertante Mogador, ont été interprétées en public par l’orchestre philharmonique du Maroc. L’uvre qu’il mûrit aujourd’hui, Hannibal, le héros de son enfance, se veut un retour aux sources.
Banquier émérite et compositeur prolifique, Jaloul Ayed passe de la finance à la musique avec la même motivation : donner libre cours à sa créativité.

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