Crise à Royal Air Maroc : les pilotes vont organiser un référendum

L’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) dément avoir signé un accord avec la direction de Royal Air Maroc, et assure vouloir organiser un référendum auprès de ses membres avant de se prononcer sur les propositions de la compagnie marocaine.

Un avion de la RAM, en janvier 2018. © Guillaume Molle pour Jeune Afrique

Un avion de la RAM, en janvier 2018. © Guillaume Molle pour Jeune Afrique

Publié le 16 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Après quatre longues semaines de bras de fer opposant la Royale Air Maroc à ses pilotes, la tension a baissé d’un cran, mercredi 15 aout. Les deux structures, RAM et AMPL ont diffusé un communiqué conjoint, mais très pauvre en informations.

On y apprend uniquement qu’« un accord a été conclu », que ce dernier, « émane de leur conscience des enjeux majeurs économiques et sociaux du pays » et qu’il regroupe « les points de convergence et réinstaurant le climat de confiance ». Est-ce la fin du bras de fer et le retour à la normale après plusieurs jours de perturbations et de pertes pour la compagnie ?

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Pas sûr. Une source autorisée au sein de l’Association marocaine des pilotes de lignes (AMPL) nous explique qu’une étape très importante reste à franchir avant de pouvoir dire que les choses sont rentrées dans l’ordre. L’accord a été jugé recevable par les membres du bureau de l’AMPL, mais avant de le ratifier, il convient d’attendre l’avis des membres de l’association. « Nous allons organiser un référendum dans quelques jours pour proposer à nos collègues d’accepter ou pas les points conclus avec la compagnie. Si la majorité se déclare contre ce protocole, il faudra à ce moment-là reprendre les négociations avec les dirigeants de la RAM. Ce n’est donc pas encore gagné », détaille notre source.

Compromis

Ce commandant de bord ne semble pas très assuré de la réponse positive de ses collègues. Il estime que quelques-uns pourraient être dubitatifs face aux propositions de la RAM, l’AMPL ayant accepté de faire quelques concessions qui pourraient ne pas être du goût de la majorité des pilotes.

Parmi ses revendications, l’AMPL demandait la réouverture de l’école de pilotage fermée depuis plus de quatre ans, arguant que les problèmes de sous-effectif seront résolus lorsque la RAM commencera à former ses propres pilotes. « La compagnie a promis une réouverture de l’école, mais une fois que son expansion aura atteint un certain niveau. Autrement dit, il faut attendre que la nouvelle stratégie se mette en place et réussisse », nous explique notre source.

La formation des pilotes coûte cher et elle dure au moins trois ans.  Le transporteur public repousse cette réouverture, ses dirigeants estimant qu’elle n’est pas économiquement viable. « Les pilotes sont très demandés actuellement et la RAM n’arrive pas à recruter autant qu’elle le souhaite. La compagnie fait un mauvais calcul sur le long terme », accuse notre source à l’AMPL.

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La RAM a d’ailleurs émis un avis de recrutement pour quatre-vingt-six pilotes étrangers et n’a réussi à en enrôler que dix-sept après plusieurs mois de recherches. Pour le moment, la compagnie présidée par Abdelhamid Addou emploie 540 commandants de bord et copilotes. « C’est loin d’être suffisant pour pouvoir assurer tous les vols, d’autant plus que la RAM cherche à ajouter d’autres lignes », ajoute notre source.

La RAM a également été assez rigide sur les demandes de revalorisations salariale

Autre revendication des pilotes : obtenir quatre jours de vacances consécutifs par mois durant toute l’année. Là encore, les négociateurs ont été difficiles. Finalement, la RAM a accepté d’accorder ces quatre jours de vacances, mais seulement huit mois sur douze. Les pilotes devraient donc oublier cette revendication pendant les deux mois d’été – pendant lesquels l’activité atteint un pic – et pendant deux mois choisis par la direction.  « En parallèle, la compagnie, qui a des difficultés à recruter des pilotes étrangers, leur a promis six jours de vacances par mois », regrette notre interlocuteur.

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La RAM a également été assez rigide sur les demandes de revalorisations salariales. La compagnie publique n’a accepté qu’une seule et unique augmentation, qui interviendra au mois de novembre prochain. Elle dépendra du grade de chacun : les officiers pilotes (copilotes), par exemple, qui demandaient une hausse de 10 000 dirhams sur trois tranches, n’auront que 3 000 dirhams supplémentaires. « Il faut rappeler que la RAM nous avait promis il y a plus d’un an une augmentation étalée en trois tranches sur cinq ans, avant qu’elle ne fasse marche arrière », rembobine ce commandant de bord.

La direction de la RAM n’a pas répondu aux sollicitations de Jeune Afrique.

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