Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix, est mort à l’âge de 80 ans
Premier secrétaire général des Nations unies originaire d’Afrique sub-saharienne, le Ghanéen Kofi Annan est décédé le 18 août à l’âge de 80 ans. Le Ghana a décrété une semaine de deuil national.
Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU emblématique de 1997 à 2006, est décédé samedi 18 août à l’âge de 80 ans.
« C’est avec une immense tristesse que la famille de Kofi Annan et sa fondation annoncent que Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et prix Nobel de la paix, est décédé paisiblement d’une soudaine maladie », a annoncé la Fondation Kofi Annan dans un communiqué.
Les réactions à son décès se multiplient. L’actuel secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a salué « une force qui guidait vers le bien », tandis que le Ghana, pays d’origine de Kofi Annan, a décrété une semaine de deuil national, à compter du lundi 20 août.
« Il a considérablement contribué au renom de notre pays par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde », a déclaré dans un communiqué le président ghanéen Nana Akufo-Addo.
« J’ai ordonné qu’en son honneur, le drapeau national soit mis en berne dans tout le pays et dans les représentations diplomatiques dans le monde », a-t-il annoncé.
Prix Nobel de la paix
Né en 1938 à Kumasi, au Ghana, Kofi Annan fut le premier secrétaire général des Nations unies originaire d’Afrique sub-saharienne. Après avoir travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il avait rejoint l’ONU en 1962.
Ce diplomate de carrière a contribué à rendre l’ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2006. Il a dirigé l’organisation pendant la période troublée suivant les attentats du 11-Septembre puis de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l’affaire « pétrole contre nourriture ».
Lorsqu’il dirigeait le département du maintien de la paix, l’ONU a également connu deux épisodes sombres : le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda et la guerre en Bosnie.
À son départ du secrétariat général, il était cependant un des dirigeants de l’ONU les plus populaires. Conjointement avec l’organisation, il a reçu en 2001 le prix Nobel de la Paix pour ses « efforts en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique ». « J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons : de la prévention des conflits au développement et aux droits de l’Homme », avait-il alors déclaré.
40 ans aux Nations unies
Ces dernières années, Kofi Annan avait repris du service sur la scène diplomatique, prenant la tête d’une commission sur les droits des musulmans rohingyas poussés à fuir au Bangladesh face à la répression de l’armée birmane. Plus de 700 000 Rohingyas ont été forcés à l’exode en 2017.
Il a aussi créé une fondation consacrée au développement durable et à la paix et faisait partie du groupe des Elders (« les anciens »), créé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l’homme.
À part quelques années passées comme directeur du tourisme du Ghana, M. Annan a consacré quarante ans de sa vie professionnelle aux Nations unies. Dans son autobiographie, il affirme que l’ONU doit servir « non seulement les États mais les peuples » et qu’elle doit être « l’enceinte où les gouvernements rendent des comptes sur la façon dont ils traitent leurs propres citoyens ».
Des échecs
Le génocide des Tutsis au Rwanda et la guerre en Bosnie dans les années 1990 n’ont pu être empêchés par les Nations unies, Kofi Annan étant alors à la tête des missions de maintien de la paix.
Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie aux violences ethniques. Et un an plus tard, l’ONU n’a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie.
Ces échecs « m’ont confronté à ce qui allait devenir mon défi le plus important comme secrétaire général : faire comprendre la légitimité et la nécessité d’intervenir en cas de violation flagrante des droits de l’homme », a écrit Kofi Annan dans son autobiographie.
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