Afrique du Sud : une nouvelle enquête vise Jacob Zuma, cette fois menée par une commission spéciale
Une commission judiciaire spéciale en charge d’enquêter sur les accusations de corruption visant l’ex-président Jacob Zuma a ouvert ses travaux ce lundi 20 août 2018.
Les nombreuses accusations de corruption au sommet de l’État sud-africain ayant abouti à la démission prématurée de l’ex-président Jacob Zuma en février 2018 seront passés au peigne fin par une commission judiciaire d’enquête dont les travaux ont débuté le lundi 20 août à Johannesburg. Cette commission, présidée par le vice-président de la Cour constitutionnelle sud-africaine, Raymond Zondo, se chargera de transmettre ses conclusions au parquet à fin de poursuites.
« Nos investigations vont porter sur les éventuelles influences exercées par certains sur le gouvernement ou des entreprises publiques pour un retirer un bénéfice personnel », a affirmé l’avocat Paul Pretorius, l’un des membres de la commission. Celle-ci déterminera également « si le président (Zuma) a violé la Constitution», a-t-il ajouté.
Les liens avec les Gupta
Jacob Zuma est soupçonné d’avoir accordé, au cour de la seconde moitié de sa gouvernance (2009-2018), de juteux contrats publics et des avantages indus à la sulfureuse famille d’hommes d’affaires, les Gupta, dont il est proche. Duduzane Zuma, l’un de ses fils, a été inculpé en juillet pour avoir participé en octobre 2015 à une rencontre au cours de laquelle un des frères Gupta, Ajay, a proposé le poste de ministre des Finances à Mcebisi Jonas, alors vice-ministre.
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Pravin Gordhan, l’ancien ministre des Finances limogé en mars 2017 par Jacob Zuma, et actuellement en charge du portefeuille des Entreprises publiques, a estimé à 100 milliards de rands (6 milliards d’euros) le montant des fonds publics détournés ces dernières années dans le pays. Il fera partie des nombreux témoins à défiler à partir du 21 août devant la commission.
Dimanche 19 août, l’hebdomadaire Sunday Times a affirmé que l’ancien président a été lui aussi invité à témoigner. Une information que le porte-parole de la commission d’enquête s’est refusé lundi de confirmer.
Zuma rejette les accusations
De leur côté, Jacob Zuma et les Gupta démentent catégoriquement les accusations portées contre eux. Noyé sous une avalanche de scandales politico-financiers, l’ex-président avait été contraint à la démission en février 2018 par son parti, le Congrès national africain (ANC), plus d’une année avant la fin de son second mandat.
Quelques semaines avant qu’il se retire, la justice sud-africaine avait contraint Jacob Zuma à la nomination de l’actuelle commission d’enquête qui se penchera sur les accusations portées contre lui. Cyril Ramaphosa, son successeur à la tête de l’ANC et du pays, a fait de la lutte contre la corruption sa priorité. En effet, dans sa déclaration liminaire du 20 août, le juge Raymond Zondo a promis que sa commission n’épargnerait personne. Il a toutefois regretté un « manque de coopération » des autorités.
Jacob Zuma est par ailleurs jugé devant un tribunal de Pietermaritzburg (nord-est) pour avoir touché des pots-de-vins en marge d’un contrat d’armement attribué en 1999 à la société française Thales.
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