Thabo Mbeki a-t-il été nommé (ou pas) envoyé spécial de l’Afrique du Sud en RDC ?

Qu’en est-il de la nomination de Thabo Mbeki comme envoyé spécial de l’Afrique du Sud en RDC ? L’annonce a été faite dimanche 19 août par plusieurs médias sud-africains, avant d’être démentie dès le lendemain par les autorités congolaises. Mais après une légère cacophonie. Explications.

Thabo Mbeki, ancien président sud-africain. © Pete Muller/AP/SIPA

Thabo Mbeki, ancien président sud-africain. © Pete Muller/AP/SIPA

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Publié le 20 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Des envoyés spéciaux en RDC ? Kinshasa n’en veut plus. En tout cas, c’est ce que laisse entendre désormais l’entourage du président congolais, Joseph Kabila. Même celui de la Communauté économique des États d’Afrique australe (SADC) et/ou celui de l’Afrique du Sud ne seraient plus les bienvenus sur le territoire congolais. Ainsi, contrairement à ce que certains médias sud-africains et congolais ont annoncé, « Thabo Mbeki n’a pas été nommé envoyé spécial en RDC », a indiqué à Jeune Afrique, lundi 20 août, Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique du chef de l’État congolais.

L’idée d’en désigner un pour la RDC provient du roi Mswati III du Swaziland. Lorsqu’il est porté, mi-août 2016, à la présidence tournante de la SADC, la RDC s’approche dangereusement de la fin théorique du second mandat de Joseph Kabila, sans des garanties de tenue de l’élection du successeur de ce dernier. Le monarque swazi propose alors la nomination d’un envoyé spécial de l’organisation sous-régionale pour la RDC.

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Avant Mbeki, Kinshasa a dit non à Pohamba

À l’époque, c’est d’abord le nom de l’ancien président mozambicain, Joachim Chissano, qui est avancé. Mais celui-ci se trouve déjà trop occupé avec la crise malgache. La SADC se tourne ensuite vers Hifikepunye Pohamba, ancien président namibien. Celui-ci se dit « disponible » pour offrir ses bons offices. Mais Kinshasa ne marche pas.

« Nous venions de décider de ne plus accepter d’envoyés spéciaux après la fin de mission de Tom Periello [alors, envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs] », confirme Barnabé Kikaya Bin Karubi.

Malgré des tractations intenses, les autorités congolaises refusent de changer de position. La SADC finit par jeter l’éponge à Luanda, fin avril 2018, lors d’une « double troïka des chefs d’État et de gouvernement ». Ce sommet de haut-niveau est en effet « revenu sur la décision qu’il avait prise consistant à dépêcher un envoyé spécial en RDC », pouvait-on lire au point 14 du communiqué final.

Mais l’Afrique du Sud revient à la charge moins de quatre mois plus tard. À défaut d’un envoyé spécial de la SADC, elle propose de nommer un émissaire sud-africain pour la RDC. Le nom de Thabo Mbeki est cette fois-ci avancé. Ce dernier est considéré comme l’un des parrains de l’accord politique de Sun City qui avait mis fin à la guerre en RDC en 2003. Thabo Mbeki était alors le président en fonction de l’Afrique du Sud et hôte de ces négociations inter-congolaises.

Il n’y a pas eu de nomination de Thabo Mbeki comme envoyé spécial en RDC !

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Pas suffisant pour convaincre Kinshasa, qui maintient sa position. Lors de leur rencontre dans la capitale congolaise, à la mi-août, « le président Joseph Kabila l’a signifié de vive voix à son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa », indique Barnabé Kikaya Bin Karubi qui a participé de près à ces négociations. Mais, moins de deux semaines plus tard, une partie des médias sud-africains s’emballent et annoncent, dimanche 19 août, la désignation de l’ancien président Thabo Mbeki comme envoyé spécial de l’Afrique du Sud en RDC.

« La RDC ne traitera désormais qu’avec des ambassadeurs »

« Il n’en est rien, réfute aussitôt le conseiller diplomatique du chef de l’État congolais. L’idée a été étouffée dans l’œuf : il n’y a pas eu de nomination ! » Quelques heures plus tôt, pourtant, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, affirmait le contraire à nos confrères d’actualité.cd, un site d’informations basé à Kinshasa.

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Contacté par Jeune Afrique, le ministre revient sur ces déclarations et précise : « Nous n’acceptons plus d’envoyés spéciaux chez nous depuis l’Américain Tom Periello, parce qu’ils se comportent comme des proconsuls, violant toutes les règles de la diplomatie traditionnelle. La RDC ne traitera désormais qu’avec des ambassadeurs, conformément aux dispositions de la Convention de Vienne. »

C’est l’affirmation du « discours souverainiste » prônée ces derniers mois par Joseph Kabila. Et peu importe si « l’Afrique du Sud tente de reprendre son leadership dans la région », dit-on dans l’entourage du chef de l’État congolais. À en croire les proches de Joseph Kabila, l’époque des envoyés spéciaux est révolue en RDC. « [Ils] venaient chacun avec son agenda : Américain, Britannique, Français, Union européenne, Union africaine… Chacun avec un langage différent auprès des acteurs politiques congolais », justifie Kikaya Bin Karubi.

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