Maroc : la jeunesse au cœur du discours royal
Ce n’est pas la première fois que la jeunesse est au centre d’une prise de parole publique de Mohammed VI. Cette fois, le monarque a pointé du doigt l’inadéquation entre formation et intégration professionnelle.
Maroc : l’atout jeunes
Qu’ils soient diplômés ou non, les 15-34 ans sont l’une des principales ressources du royaume. Formation, accès à l’emploi, à la culture : il est temps qu’ils profitent un peu plus de la croissance.
« Nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs, surtout dans certaines filières universitaires dont les diplômés, tout le monde le sait, peinent énormément à intégrer le marché de l’emploi. » Dans son traditionnel discours prononcé le 20 août à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le roi Mohammed VI a placé la jeunesse au centre. L’analyse de la densité des mots est claire. Les trois termes les plus employés sont les suivants : le mot « emploi », répété douze fois, et le mot « jeune » onze, à égalité avec « formation ».
Ce n’est pas une première. En octobre 2017, à l’occasion de l’ouverture de la nouvelle législature, il appelait à « remédier à la situation précaire des jeunes ». Le discours prononcé pour l’anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple en 2012, était un appel à « mettre au point une stratégie globale qui mettrait fin à la dispersion des prestations fournies actuellement à notre jeunesse » et l’année d’après, le roi orientait son discours sur les questions éducatives.
« Un gaspillage »
Au Maroc, le chômage des jeunes demeure élevé – 20 % en moyenne –. Dans un rapport publié début août, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) pointait : « Même si le programme gouvernemental vise un taux de croissance de 4,5 à 5,5% à l’horizon 2021, la croissance de l’emploi ne devrait pas évoluer très rapidement, d’autant plus que les mesures prévues pour améliorer l’emploi des jeunes demeurent limitées. »
Le rapport relevait : « Il est important de noter que le taux de chômage chez les jeunes augmente avec le nombre d’années d’études ce qui ne fait que renforcer le sentiment de frustration chez les diplômés de l’enseignement supérieur qui ne trouvent pas d’emploi. » Mohammed VI a aussi pointé du doigt les soucis d’articulation entre éducation et formation. « Ce gaspillage manifeste du potentiel des jeunes et des ressources publiques entrave les dynamiques de développement », a-t-il ainsi indiqué.
Le discours illustre la déperdition accusée par le Maroc : « Par ailleurs, lorsqu’un grand nombre de jeunes, notamment parmi les hauts diplômés des branches scientifiques et techniques, pensent émigrer, ils ne sont pas uniquement motivés par les incitations alléchantes de la vie à l’étranger. Ils envisagent cette éventualité aussi parce qu’ils manquent dans leur propre pays d’un climat et de conditions favorables à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la recherche scientifique. »
Du mouvement à l’OFPPT
Le discours dessine donc de grandes orientations. Il s’agit, pour Mohammed VI, de « revoir en profondeur les spécialités de la formation professionnelle », « instaurer un système efficace d’orientation précoce au niveau de la deuxième ou de la troisième année précédant le baccalauréat » ou encore « améliorer qualitativement les dispositifs incitant les jeunes à créer de petites et moyennes entreprises dans leurs domaines de spécialité ». En clair, revoir le système d’orientation et de formation professionnelle. Cela n’est pas un hasard : le même jour que son discours, le roi « a nommé (…) Loubna Tricha comme directrice générale de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), sur proposition du chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani », selon l’agence de presse MAP. L’OFPPT est le premier outil concernant la formation professionnelle au Maroc.
Certaines de ces mesures sont censées être au cœur de l’action gouvernementale. L’accompagnement des initiatives des jeunes visant l’auto-emploi et la création d’entreprises est un des points du programme gouvernementale 2016-2021. Le roi a enfin fait une demande précise : « Nous avons décidé que soit organisée, avant la fin de l’année, une rencontre nationale sur l’emploi et la formation. Ses objectifs consisteront à formuler des résolutions pratiques et des solutions nouvelles, à lancer des initiatives et à mettre au point une feuille de route rigoureusement définie pour la promotion de l’emploi. »
Dans ce discours, le roi n’a pas abordé le sujet du service militaire. Dans la matinée, le Conseil de gouvernement, réuni sous la présidence de Saâdeddine El Othmani, a examiné un projet de loi relatif à ce sujet. Abandonné en 2006 par décret royal, le service militaire pourrait donc bien être réintroduit. Le texte doit encore être débattu au Parlement en octobre.
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Maroc : l’atout jeunes
Qu’ils soient diplômés ou non, les 15-34 ans sont l’une des principales ressources du royaume. Formation, accès à l’emploi, à la culture : il est temps qu’ils profitent un peu plus de la croissance.
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