[Chronique] Magic System : exportation musicale et migration régulière
Après la onzième édition du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), dont le thème était « La jeunesse africaine et l’immigration clandestine », c’est la fondation Magic System qui prolonge un débat plus tabou qu’il n’y paraît…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 août 2018 Lecture : 2 minutes.
Sur le thème de la crise migratoire, comme sur d’autres sujets, les voix politiques africaines dites « autorisées » s’enferment généralement dans un silence assourdissant. Il ne faudrait pas en conclure que les populations encouragent aveuglément des clandestins soupçonnés d’être des parents envoyés en diaspora cupide. Bien au contraire, les sans voix murmurent souvent, hors instituts de sondage, que l’immigration est une sorte de désertion, à l’heure des impératifs de développement endogène…
Au micro ne reste alors que les artistes, avec les bons sentiments légitimes d’une chanson Ouvrez les frontières de Tiken Jah Fakoly ou les réflexions festivalières d’autres Ivoiriens, les membres du groupe Magic System. Il y a quelques semaines déjà, l’équipe de A’Salfo retenait « La jeunesse africaine et l’immigration clandestine » comme thème de la onzième édition du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua).
Porte-voix idéal ?
Depuis, c’est Jean-Louis Boua qui porte, dans les médias, le flambeau de l’initiative contre une migration irrégulière que le directeur exécutif de la fondation Magic System qualifiait, sur la BBC, de « gangrène pour l’Afrique ». Après la multidiffusion du titre Magic in the air pendant la dernière Coupe du monde de football, le groupe de zouglou est sans conteste le porte-voix idéal pour une réflexion constructive. Et ceci même si le succès du groupe en Occident, justement, pourrait être, selon certains, un élément de disqualification en matière de leçons de morale sur l’expatriation…
Certains persifleurs dénient ainsi à des artistes résidant en Europe le droit de décourager les candidats à la migration. Ils font hélas l’économie de trois détails : primo, Magic System s’est imposé en Côte d’Ivoire avant d’exporter son œuvre ; secundo, le groupe ne met en garde que contre l’irrégularité d’une certaine immigration ; tertio, les artistes empruntent moins une démarche de stigmatisation des migrants que de proposition de solutions.
En résumé : émigrez en Europe, mais ne vous y prenez pas comme des gaous…
Au-delà d’opérations de sensibilisation organisées en association avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ou l’Organisation mondiale pour les migrations (OIM), la fondation pose des actions concrètes en matière d’insertion des jeunes en mal d’avenir. Des formations, des promesses d’intégration dans le marché du travail voire des prises en charge ont même été déployées pendant le dernier Femua.
En résumé : émigrez en Europe, mais ne vous y prenez pas comme des gaous…
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