Tokyo supplante Pékin
Publié le 29 mars 2004 Lecture : 1 minute.
Le Japon vient de jouer un vilain tour à son voisin chinois, si l’on en croit les dernières informations provenant de Transneft, l’entreprise d’État russe spécialisée dans les grands ouvrages de transport d’énergie. Tokyo et Moscou se seraient mis d’accord pour construire un oléoduc partant de Taïchet, à l’est de la Sibérie, pour rejoindre le port de Nakhodka, à l’extrême sud-est de la Russie. Ce pipeline permettra d’acheminer 600 000 barils par jour (b/j) en 2006 et 1 million de b/j à partir de 2010. Coût de sa mise en place : près de 8 milliards d’euros. Après dix ans d’une bataille acharnée entre l’empire du Milieu et celui du Soleil- Levant pour capter les exportations sibériennes, le second projet d’oléoduc reliant Angarsk à Daqing, qui devait permettre de livrer à la Chine 400 000 b/j en 2005, puis 600 000 en 2010, ne serait donc plus d’actualité. Même si la China National Petroleum Corp., la compagnie nationale en négociations avec la russe Ioukos, a fait savoir qu’elle poursuivait les discussions, en privé, les officiels chinois semblent résignés. L’itinéraire Taïchet- Nakhodka présente un avantage décisif sur le projet concurrent. Il offrira plus de flexibilité pour l’exportation du brut sibérien. Depuis la base portuaire de Nakhodka, le pétrole pourra être acheminé vers toute la zone Pacifique, le Japon et la Corée du Sud bien sûr, mais aussi vers les États-Unis. Ce qui n’exclut d’ailleurs nullement qu’il soit dirigé vers la Chine, dont la frontière est très proche. En privilégiant Daqing, la Russie s’en était tenue à un seul client, qui aurait certainement exigé un fort rabais sur le prix du brut. Et puis les hommes d’affaires japonais auraient fait des propositions financières alléchantes pour convaincre le Kremlin : 4,13 milliards d’euros pour la construction de l’oléoduc et 1,65 milliard supplémentaires pour développer les gisements de Sibérie orientale qui ne sont pas encore en exploitation.
