Sénégal : guerre des mots entre Karim Wade et Macky Sall à l’occasion de la Tabaski

Dans un « ultime message » adressé à l’occasion de la Tabaski – l’Aïd al-Adha –, l’opposant Karim Wade a qualifié le président sénégalais de « beau parleur ignorant et incompétent » et mis en garde contre « des lendemains électoraux difficiles, susceptibles de mettre en danger la stabilité » du Sénégal.

Karim Wade (à droite) et le président sénégalais Macky Sall. © Montage JA

Karim Wade (à droite) et le président sénégalais Macky Sall. © Montage JA

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Publié le 23 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Rassemblement de l’opposition, le 19 mai 2017, à Dakar. © seyllou/AFP
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Tous deux ont été condamnés par la justice pour des délits financiers, Karim Wade et Khalifa Sall sont aussi candidats déclarés à la présidentielle de février 2019 au Sénégal. Retour sur les parcours de ces fdeux hommes, que rien ne rapprochait avant qu’ils ne franchissent les grilles de la prison de Rebeuss, à Dakar.

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La Tabaski, fête du pardon et de la réconciliation, a été l’occasion au Sénégal d’une passe d’armes d’une virulence inédite entre le candidat à la présidentielle du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) et le chef de l’État.

En exil au Qatar depuis qu’il a été gracié par Macky Sall, en juin 2016, Karim Wade a été le premier à lancer l’offensive. Dans un message publié le 22 août sur Facebook, le fils de l’ancien président sénégalais dépeint le président Macky Sall comme un « beau parleur ignorant et incompétent qui a renié tous ses engagements et qui n’a nullement l’intention d’honorer les nouvelles promesses qu’il s’apprête à faire avec son cynisme habituel ».

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Si l’introduction du message est empreinte de références pieuses, le candidat déclaré du PDS à la présidentielle de 2019 sort rapidement l’artillerie lourde. Il évoque notamment une « crise sans précédent » qui frapperait le pays, avant de dresser la liste des maux dont, selon lui, la gouvernance de Macky Sall serait à l’origine, des pénuries d’eau au « retour des délestages », en passant par « la fuite vers l’étranger de nos valeureux frères et sœurs dont beaucoup disparaissent en mer Méditerranée », ou encore « les scandales économiques et financiers ».

Karim Wade, qui réaffirme sa « détermination » à « conduire [le PDS] à la victoire au soir du 24 février 2019 », se fait également menaçant. Évoquant un « ultime message », il met en garde contre « une crise politique qui augure des lendemains électoraux difficiles, susceptibles de mettre en danger la stabilité de notre pays ».

Macky Sall critique ceux qui « ternissent l’image du pays »

En marge de la prière rituelle de la Tabaski, à laquelle Macky Sall a participé à la mosquée de l’Institut islamique de Dakar quelques heures plus tard, le président sénégalais a eu pour sa part des mots très durs à l’égard de l’opposition. « Personne ne peut ternir la réputation de la démocratie sénégalaise. Partir à l’étranger en dénonçant le président de la République, en ternissant l’image du pays, en pensant que cela va nous mettre hors de la voie empruntée, c’est une erreur. On doit discuter », a déclaré, en wolof, le chef de l’État.

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« La démocratie a des règles. Si tout le monde est d’accord sur les règles, nous pouvons aller aux élections, ce qui renforce la démocratie sénégalaise, a-t-il poursuivi. Quand on dirige un pays, on ne perd pas de temps à cause des discussions. Mon devoir, c’est d’appeler au dialogue ».

Affirmant être prêt à ce dialogue entre la majorité et l’opposition, Macky Sall a par ailleurs insisté sur le fait que « les affaires concernant le pays ne se résument pas à la politique ».

Karim Wade n’est pas notre problème. Ce n’est pas à lui que nous répondons

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Au sein de l’entourage du président sénégalais, on assure que cette prise de parole avait été rédigée deux jours auparavant et qu’elle ne constitue pas une réponse directe au message de Karim Wade. Les critiques formulées par Macky Sall visaient, plus largement, la campagne de lobbying lancée par une partie de l’opposition auprès des chancelleries étrangères à Dakar. Début août, une délégation d’opposants, parmi lesquels des membres du PDS, s’est ainsi rendue à l’ambassade des États-Unis à Dakar, en quête de soutien. Visés également, les opposants de la diaspora, qui ont notamment organisé une marche de protestation à Paris, mi-août.

« Karim Wade n’est pas notre problème. Ce n’est pas à lui que nous répondons », assure El Hadj Hamidou Kassé, ministre-conseiller à la présidence en charge de la Communication.

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