Présidentielle : cacophonie au FIS

Publié le 29 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Les ralliements à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle du 8 avril sont si nombreux qu’ils ne défraient plus la chronique. Mais le communiqué signé, le 23 mars, à Stuttgart, par Rabah Kébir, président de l’instance exécutive du Front islamique
du salut (FIS, parti dissous en mars 1992) à l’étranger, constitue une surprise. Cet
appel à voter pour « l’homme de la réconciliation nationale » fait désordre dans un parti dont le président, Abassi Madani, continue de militer pour un report de l’élection et pour la mise en place d’une Constituante, préalable à « tout processus électoral crédible ». Le communiqué de Kébir annonce-t-il un repositionnement du FIS ? Rien n’est moins sûr. Mourad Dhina, autre dirigeant de la nébuleuse FIS en Europe, appelle, lui, au
boycottage du scrutin, même s’il reconnaît que son pays se distingue du monde arabe : « Le raïs en Algérie ne peut pas imposer son fils pour lui succéder, ni organiser des élections à candidature unique ou prétendre à un score de 99 %. »

Mais cela est encore insuffisant pour Dhina, qui a décrété que ce scrutin ne peut être impartial. De son côté, le numéro deux du FIS, Ali Benhadj, sous le coup d’une interdiction d’activités politiques jusqu’en 2008, a tenté, le 20 février, de retirer des formulaires de candidature. Le ministère de l’Intérieur l’a éconduit, lui rappelant qu’il n’a pas fini de purger sa peine. Mais les islamistes algériens ne sont pas à une cacophonie près. Madani Mezrag, chef de l’Armée islamique du salut (AIS, ex-branche militaire du FIS, autodissoute après la loi sur la Concorde civile), serait sur le point de se rallier à Boutef, se démarquant ainsi de Madani et de Dhina. Curieusement, le FIS semble ignorer la candidature d’Abdallah Djaballah, seul prétendant à la magistrature suprême qui ne fait pas mystère de ses sympathies salafistes.
Le communiqué de Rabah Kébir est du pain bénit pour les adversaires de Boutef. Leur argument ? « On vous avait bien dit que le président-candidat a pour projet de remettre
l’Algérie à ceux qui voulaient la mettre à genoux. »

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En revanche, nulle gêne dans le staff de campagne du chef de l’État sortant. « Le seul soutien que nous sollicitons est celui du peuple, pas celui de personnalités. Notre programme est clair et se fonde sur une alliance politique où figurent des islamistes
algériens. Nous n’avons aucun complexe sur cette question. » Reste à savoir les conséquences de ce ralliement, autrement dit, le surcroît de voix qu’il peut drainer. Le poids électoral du FIS est une inconnue et le vote islamiste se répartit entre trois candidats : Abdallah Djaballah, candidat officiel de ce courant ; Ali Benflis, après le ralliement d’Ahmed Taleb Ibrahimi, candidat islamiste recalé par le Conseil constitutionnel pour parrainage insuffisant ; et, enfin, Bouteflika, qui bénéficie du soutien du Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas) et celui des zaouias, les
confréries religieuses, dont l’importance sociologique n’a jamais été démentie.

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