Présidentielle, mode d’emploi

La date du scrutin a été fixée au 24 octobre. Reste à savoir quels candidats seront sur la ligne de départ avec Zine el-Abidine Ben Ali.

Publié le 29 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

Les élections présidentielle et législatives de 2004 auront lieu le 24 octobre. La date a été confirmée par le président Zine el-Abidine Ben Ali dans son discours prononcé à l’occasion du 48e anniversaire de l’indépendance du pays, le 20 mars. Pour le chef de l’État, ce scrutin sera une nouvelle étape « pour aller encore plus de l’avant sur la voie de la démocratie et de la transparence ». Les « pays amis qui le désirent » pourront envoyer des observateurs pour en suivre le déroulement et les résultats, a assuré le président, qui a annoncé, par la même occasion, la création d’un Observatoire national des élections.
Cet organisme, qui sera composé de « personnalités connues pour leur compétence, leur expérience et leur indépendance », aura pour tâche de « surveiller le déroulement des élections dans leurs différentes étapes ». Selon quels critères ses membres seront-ils choisis ? Et pour quelle durée ? On le saura bientôt.
Ben Ali a pris le pouvoir le 7 novembre 1987 en déposant Habib Bourguiba, que son état de santé plaçait dans « l’incapacité » de continuer à exercer ses fonctions. Il a été reconduit à la tête de l’État à trois reprises, en 1989, 1994 et 1999, avec des scores dépassant 99 % des voix. Ayant épuisé les trois mandats que lui accordait la Constitution, il a fait amender celle-ci par référendum en mai 2002. La limitation du nombre des mandats à trois a ainsi été annulée, tandis que l’âge limite des candidats était porté de 70 à 75 ans.
Conséquence : cet ancien militaire, aujourd’hui âgé de 68 ans, pourra se présenter pour un quatrième voire un cinquième mandat de cinq ans et rester ainsi au pouvoir jusqu’en 2014…
Pour le moment, Ben Ali se contentera de défendre les couleurs du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir) au scrutin présidentiel du 24 octobre. Dans une région où les dirigeants restent aux commandes aussi longtemps qu’ils le peuvent – certains depuis plus d’une vingtaine d’années -, le chef de l’État tunisien ne semble pas disposé à déroger à la règle. Ses concitoyens peuvent cependant lui reconnaître le mérite d’avoir accepté, contrairement à la plupart de ses homologues arabes, que d’autres candidats puissent concourir, à ses côtés, pour la magistrature suprême.
Les dispositions constitutionnelles ne laissent toutefois qu’à cinq partis de l’opposition légale la possibilité de présenter des candidats. N’étant pas représentés au Parlement, le Parti démocratique progressiste (PDP) de Me Néjib Chebbi et le Forum démocratique pour la liberté et le travail (FDLT) du Dr Mustapha Ben Jaafar sont exclus d’avance de la course. La direction du PDP avait adressé, il y a un an, une lettre ouverte aux députés leur demandant de « lever l’exclusion » frappant leur parti et de parrainer la candidature de leur secrétaire général, Me Néjib Chebbi, qui a fait part de son désir de se présenter. Elle attend encore la réponse.
La nouvelle loi n’interdit pas à des personnalités indépendantes d’être candidates, à condition, toutefois, de réunir les signatures d’une trentaine de grands électeurs (députés ou présidents de conseils municipaux). Quand on sait que le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président Ben Ali, dispose de 148 sièges au Parlement, sur un total de 182, et de (presque) la totalité des conseils municipaux, on imagine les difficultés que devraient surmonter d’éventuelles personnalités indépendantes pour faire valider leurs candidatures.
Ces difficultés ne semblent pas avoir découragé Hussein el-Mhammedi, ex-secrétaire général du Comité de coordination du RCD dans la région de Ben Arous et ex-fonctionnaire du même parti, qui a envoyé, début mars, une lettre au président de la Chambre des députés et aux présidents des conseils municipaux leur demandant d’avaliser sa candidature à la présidentielle de 2004. Son programme : « promouvoir une presse vivante et libre » et « garantir aux Tunisiens et aux Tunisiennes le droit de s’organiser, d’agir pacifiquement, de participer à des élections libres et crédibles et de bénéficier d’une justice égale accordant la primauté à la loi ».
D’autres personnalités, dont le journaliste dissident Taoufik Ben Brik et Moncef Marzouki, leader d’un parti non reconnu, le Congrès pour la République (CPR), ont déjà fait part de leur volonté de se porter candidat. Les mois à venir réserveront peut-être quelques surprises.

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