Le sida, étape par étape
Tout le monde a entendu parler du sida et des difficultés d’accès aux traitements dans les pays en développement. Mais connaît-on bien la maladie, ses débuts, sa progression ?Certains pensent : « À quoi bon, puisqu’on en meurt ! » Pas toujours et pas si
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a quatre portes d’entrée. La première est la voie sexuelle, que l’on peut fermer en utilisant des préservatifs ou en étant fidèle au sein d’un couple non infecté. La deuxième porte est le sang, lorsqu’un sujet sain reçoit, le plus souvent par transfusion non sécurisée ou par injection avec du matériel contaminé, du sang infecté. Troisième et quatrième portes : la transmission du VIH de la mère à l’enfant. D’abord lors de la grossesse ; on peut protéger l’enfant en traitant la mère au moment de l’accouchement et le bébé dès la naissance. Ensuite lors de l’allaitement. Là, il faut alimenter l’enfant avec du lait en poudre pour éviter une contamination.
Que se passe-t-il lorsque le virus est dans l’organisme ? Dans une première période silencieuse de deux à huit semaines, voire plus, le sujet ne présente aucun signe. Mais le virus a entrepris sa multiplication. Le porteur est déjà contagieux et le restera.
Pour poser le diagnostic lors de cette primo-infection, il faut rechercher le virus lui-même, et non les anticorps.
La deuxième période est la phase d’invasion par le virus. Elle peut aussi être silencieuse ou peu alarmante (fièvre, fatigue, douleurs musculaires). Mais, déjà, des ganglions apparaissent. Parfois il existe des signes nerveux que le médecin peut reconnaître. À ce stade, une prise de sang révèle les anticorps. Un sujet ne sera déclaré positif qu’après deux examens concordants réalisés par des méthodes différentes.
Des années plus tard, c’est la troisième période (période d’aggravation) : fièvres et diarrhées chroniques avec amaigrissement progressif. Les ganglions sont diffus. Des infections ou éruptions cutanées et buccales apparaissent. Et parfois d’autres atteintes viscérales.
La quatrième période est celle du sida proprement dit (syndrome d’immunodéficience acquise) : l’organisme est atteint par des germes « opportunistes » qui profitent de la diminution des défenses immunitaires. Vont apparaître des maladies du poumon (la tuberculose notamment), du cerveau, de l’appareil digestif, du cur, etc. Et aussi des cancers. L’évolution peut alors être rapide. Pour des raisons ignorées, probablement à cause des variations de l’immunité, les différentes phases peuvent s’étirer sur dix ans ou se dérouler en quelques années seulement. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de dépister la maladie au plus tôt. On peut alors mesurer l’atteinte du système immunitaire quantification des lymphocytes CD 4) et la quantité de virus (charge virale).
Dès le diagnostic posé et le taux de CD 4 connu, le malade doit être médicalement suivi. Aux phases précoces, c’est le traitement antirétroviral, associant deux ou trois des médicaments dont on dispose. À la phase de sida, il faut aussi traiter les infections opportunistes. Sinon la situation peut s’aggraver très vite et la mort survenir à la suite d’une complication. Au contraire, si le traitement est adapté, le malade peut vivre de nombreuses années. C’est dire combien il est inhumain que des mesures internationales n’aient pas encore permis l’accès des malades des pays en développement aux traitements efficaces.
* Ce texte a bénéficié des conseils du docteur Jacques Moreau, responsable du Centre d’information et de soins des immunodéficiences humaines au CHU de Marseille (service du professeur Jean Delmont).
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