Le droit, c’est de la blague

Publié le 29 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Z…, une Marocaine qui hantait la Cité internationale de Paris dans les années 1980, avait interrompu ses études de droit international pour se reconvertir dans la culture des petits pois. Quand on lui demandait le motif d’une telle bifurcation, elle haussait les épaules.
– Le droit, ça n’existe pas. Il n’y a que la raison du plus fort.
Je me suis souvenu de cette formule en lisant Ha’aretz, le quotidien israélien de gauche. Miracle de l’Internet, après trois ans de lecture quotidienne de Ha’aretz sur mon écran d’ordinateur, j’ai fini par comprendre à quel point le monde est injuste envers l’État hébreu. Pendant des décennies, les Arabes ont perçu Israël comme un État voyou qui confisquait sans vergogne les terres palestiniennes, créait des colonies un peu partout et détruisait les habitations et les vergers des autochtones. Eh bien, les Arabes avaient tort. Tout ce qu’Israël fait est scrupuleusement conforme à la loi et au droit.

Voilà comment les choses se passent. Soit un village palestinien, nommons-le Bir Kassem, et les terres qui l’environnent, le tout convoité par des colons. Que ces colons ne s’avisent pas de toucher à Bir Kassem ! La loi du seul État démocratique du Proche-Orient (sic) le protège comme elle protégerait un kibboutz juif de la vallée du Néguev. Mais voici que l’armée présente, par l’intermédiaire de ses juristes – elle en a, bardés de diplômes et de médailles -, une requête pour transformer toute la zone de Bir Kassem en territoire militaire. Il y va de la sécurité d’Israël : les ganaches ont besoin d’un nouveau champ de tir. Bir Kassem se rebiffe et demande à la Cour suprême de rejeter la requête de l’armée. La Cour suprême prend son temps, étudie impartialement le dossier, écoute avec patience les avocats de l’armée et du village palestinien. Puis elle rend son verdict qui, bien que motivé sur plusieurs centaines de pages et couché dans un jargon légal du plus bel aloi, peut se résumer ainsi :
– Décampez, vils paysans !

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Rien n’empêche ensuite l’armée de refiler le terrain à des colons, après l’avoir transformé en gruyère ou même sans jamais l’avoir utilisé. Et c’est ainsi qu’une bonne partie de la Cisjordanie est passée, le plus légalement du monde, sous le contrôle d’Israël. Le même schéma prévaut dans d’autres cas de figure. En fait, tout ce qui se passe dans les Territoires – expropriations, destruction d’habitations ou de vergers, assassinat d’un handicapé bigleux – est rigoureusement légal. De quoi se plaignent les Arabes ?

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