Il a assumé son rôle de Guinéen responsable

Publié le 30 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Les épreuves ne sont pas épargnées à Jeune Afrique. Après Hamza Kaïdi, Sennen
Andriamirado, voici que Siradiou Diallo, le prince, nous quitte. Jeune Afrique est orphelin : avec les autres, il a perdu des enfants ; avec Siradiou, il a perdu un sage. Je sais que cela faisait quelque temps qu’il n’était plus le journaliste, voyageur inlassable, pesant au poids du carat ses mots, ayant opté pour l’action politique directe, en fondant un parti et en assumant son rôle de Guinéen responsable. Mais le lien avec Jeune Afrique est ombilical : on reste attaché à ce nom comme à un élément (j’allais dire aimant) d’identité. C’est à la fois le Siradiou de Guinée et le Siradiou de Jeune Afrique que nous pleurons.
Quand je l’ai connu, en 1972, il y était déjà. Je dirigeais alors le Centre d’initiation
aux réalités du Tiers Monde (l’École internationale de Bordeaux) quand Béchir Ben Yahmed me l’avait adressé pour participer à un grand colloque que j’y organisais avec des hommes aussi illustres que Jacques Berque, René Dumont ou Georges Ballandier. Il y apporta la voix d’une jeunesse d’Afrique lucide et compétente et en rapporta les échos d’un intérêt qui dépassait les frontières de la Francophonie, même si celle-ci englobait, hors de notre continent, le Canada, la Belgique et la Suisse. Le monde anglo-saxon n’était pas neutre, et la Méditerranée (avant Barcelone) s’exprimait par la bouche d’un ancien gouverneur de la Banque centrale grecque.
Plus tard, je l’ai côtoyé et mieux connu à Jeune Afrique même, jusqu’à 1984. Il vint me voir à Tunis quand je suis revenu au gouvernement en 1988 et s’étonna des obligations de l’action officielle qui m’éloignaient du journalisme, mais il ne tarda pas à connaître les mêmes contraintes en rentrant en Guinée, après la mort de Sékou Touré, pour assumer le rôle politique auquel il s’était préparé. Il me raconta alors, lors d’une autre rencontre, ses impressions, sa surprise et ses efforts d’adaptation. L’essentiel est de rester fidèle à ses convictions en s’insérant dans la réalité sociopolitique que l’on
cherche à faire évoluer. Pour tout cela et pour bien d’autres choses encore, je dis que
Siradiou était un frère.

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