Des relations difficiles, mais empreintes de respect

Publié le 30 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Je suis naturellement saisi par un sentiment de tristesse. La brutale disparition de
Siradiou Diallo nous invite à l’humilité, et nous rappelle que l’homme est à la fois tout
et rien. Mes pensées vont d’abord à son épouse Assiatou, à ses enfants et à sa famille,
dont je partage aujourd’hui le deuil. Je m’incline devant la mémoire d’un homme d’une
très forte personnalité, avec lequel j’ai certes entretenu, pendant plus d’un quart de siècle, des relations parfois difficiles, en raison de choix politiques et idéologiques divergents. Mais qui ont toujours été empreintes de respect mutuel. Le rendez-vous qu’il honore aujourd’hui est le seul auquel personne d’entre nous ne peut se soustraire, car c’est là un destin qui est commun à nous tous sur Terre.

Dans ces moments douloureux, j’ai en mémoire la visite qu’il m’a rendue à la prison de Conakry. Les brefs échanges que nous avons eus à cette occasion permettent de mesurer combien étaient secondaires certaines querelles qui nous avaient opposés. L’épreuve de la mort de Siradiou Diallo nous interpelle sur le devenir de notre pays, la Guinée, pour laquelle il s’est tant battu. La leçon à retenir est que, au-delà des différences
d’approche, les stratégies opposées, la classe politique guinéenne doit désormais se placer sous la bannière du changement.

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C’est bien là que se trouve le testament politique que Siradiou Diallo a légué aux Guinéens. Il a, en effet, consacré toute sa vie à un combat politique tourné vers le
changement. Son opposition au régime du président Sékou Touré lui a valu d’être exilé
une double décennie durant, pendant que ses parents, restés sur place, étaient victimes
de nombreuses tracasseries de la part du pouvoir. Pendant toutes ces années, nous avons été, lui et moi, accusés de comploter contre le pouvoir en place, jusqu’à être condamnés à mort. Malgré des trajectoires politiques différentes, nous sommes tous les deux parvenus à unifier nos forces à deux reprises au sein de la Coordination de l’opposition
démocratique (Codem) pour imposer le pluralisme en Guinée.
La mort est venue frapper Siradiou Diallo à un moment où nous avions décidé, lui et moi,
de tirer les leçons du passé et d’esquisser, dans l’intérêt du peuple de Guinée, une véritable stratégie d’union susceptible d’accélérer le cours des choses. Quelques jours avant son décès, nous avions commencé à mettre au point, de concert avec les autres dirigeants de l’opposition, un projet de déclaration commune. Ce qui aurait été le prélude à l’élaboration d’un programme d’alternance. Je souhaite que l’ensemble des forces de progrès en Guinée se mobilise autour de cette union tant souhaitée par Siradiou Diallo au soir de sa vie.
La disparition d’un homme comme lui est une leçon de sagesse, de modestie et de réalisme
par rapport à l’immense tâche pour laquelle chacun a consacré sa vie : un monde meilleur pour les Guinéens.

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